Comment vous-êtes vous rencontrés tous les deux ?
* Tim Aberdeen (basse et machine) : Avec Joe Boyle, on a grandi tous les deux dans Hill Valley. Un matin, j'ai voulu prendre mon petit-déjeuner mais je n'avais pas d'argent. J'ai vu Joe en train de manger un poulet rôti sur un trottoir et il m'a proposé de le partager, alors qu'on ne se connaissait pas encore.
* Joe Boyle (chant et guitare) : Je ne partage que très rarement mes poulets rôtis.
* Tim Aberdeen : C'est vrai et depuis on ne s'est plus jamais quitté.
Pourquoi ce nom de Marty Went Back ?
* Tim Aberdeen : A l'origine, on a créé ce groupe pour partir à la recherche de notre ami Marty McFly. On est parti en voyage avec lui mais on l'a perdu durant ce voyage. Quand on a commencé à le chercher, on s'est rendu compte qu'il était rentré sans nous.
* Joe Boyle : Une sale histoire...
Vous avez créé une sorte d'association pour le retrouver ?
* Tim Aberdeen : C'était une manière de faire passer notre message et de voir si certaines personnes avaient des informations pour nous aider. A la base, c'était vraiment pour le retrouver mais depuis on s'est rendu compte qu'il était vraiment parti. On était très triste et il fallait que l'on raconte ça aux gens pour qu'ils soient conscient de ce qui les entoure et aussi pour les sensibiliser à certains voyages.
* Joe Boyle : Il faut réellement faire très attention aux voyages dans le temps.
En parlant de voyages, comment êtes-vous allés de Hill Valley à Toulouse ?
* Tim Aberdeen : C'est très compliqué. A Hill Valley, on n'habitait pas le centre-ville. Quand on voulait y aller, on prenait le bus. Un jour, Joe a voulu suivre un raton-laveur derrière un camion-poubelle pour essayer de trouver à manger et ça nous a fait rater le bus pour rentrer chez nous qui était à 19h53. Le bus suivant était à 20h02 mais on n'aimait pas trop le chauffeur parce qu'elle n'était pas sympa avec nous.
L'arrêt de bus était juste à côté de la maison de notre copain Marty McFly et ce jour-là devant chez lui il y avait un monsieur très fou avec une voiture très bizarre. Comme on connait bien notre copain Marty, on savait qu'il allait se rendre dans un endroit sympa alors on est monté dans le coffre de la voiture. Quand on est sorti du coffre, on était encore à Hill Valley mais une trentaine d'années plus tard. On ne se sentait plus à notre place, alors on a décidé de partir. D'abord vers la côte Est des Etats-Unis puis on a décidé de traverser l'Océan : on est arrivé au Portugal puis on est allé en Espagne et on a traversé les Pyrénées. Au final, on est resté à Toulouse parce que c'est une ville qui est toute rose et qui nous a plu. On s'est dit que s'il y avait un endroit où l'on pouvait retrouver Marty et raconter notre histoire c'était ici.
Quel a été le choc le plus violent en arrivant en 2015 ?
* Joe Boyle : C'est ça là, ce avec quoi tu enregistres. La technologie, les smartphones, c'était fou pour nous !
* Tim Aberdeen : On a découvert le Facebook. On l'a installé et on a pu se faire beaucoup d'amis alors qu'on ne connaissait personne à Toulouse. On a pensé que le Facebook ça ferait des choses bien mais les gens s'en servent dans un mauvais but. Au lieu de propager l'amour, ils propagent plus facilement la haine. Et malgré tous les amis que l'on pouvait avoir, on s'est rendu compte qu'on était seuls.
Niveau musique, vous préférez celles de 1985 ou celles d'aujourd'hui ?
* Joe Boyle : Il faut avouer qu'aujourd'hui il y a des choses bien qui se font. A notre arrivée, on était un peu nostalgique parce qu'on avait pas mal de potes qui faisaient de la musique à Hill Valley et on aimait bien. Mais la scène toulousaine est tout de même très intéressante. On aime bien des groupes comme Slift et Titanic Bomb Gas par exemples.
* Tim Aberdeen : On a eu trente ans de musique à rattraper en peu de temps, alors on a découvert beaucoup de groupes de différents styles. Avec un fil conducteur "rock", on essaie d'intégrer tout ce qu'on a pu découvrir comme nouveaux styles avec notamment le hip-hop ou la musique électronique.
Vous reprenez aussi Nirvana dans votre set ?
* Tim Aberdeen : On a découvert ça et on adore ! C'est un groupe qu'on aime de par la simplicité de leur musique mais aussi la complexité qu'il y a derrière. Il y a deux catégories de musiciens : ceux qui sont virtuoses et qui vont t'en montrer le plus possible et ceux qui sont virtuoses sans savoir pourquoi mais qui vont faire des choses simples. Nous on est plus dans ce style-là et Nirvana exprime très bien ça. Faire la musique comme tu le sens, et pas juste essayer d'en mettre plein les yeux à tout le monde.
Ne pas mettre des notes pour mettre des notes ?
* Joe Boyle : Après on va être franc, il faut tout de même quelques notes pour jouer de la musique. Mais on ne veut pas en mettre trop non plus.
Vous avez été obligés de vous mettre à la programmation électronique vu qu'il n'y avait pas de place pour un batteur dans le coffre de la voiture ?
* Tim Aberdeen : En arrivant, on a trouvé un ordinateur et on a vu que l'on pouvait faire de la musique avec...
* Joe Boyle : C'est très pratique d'ailleurs !
* Tim Aberdeen : Pour partir en voyage c'est super et puis tu peux faire tous les sons que tu veux avec.
* Joe Boyle : C'est la batterie la plus portative que l'on ait trouvé.
Mettre une batterie entière dans une DeLorean, ça ne passe pas...
* Tim Aberdeen : Surtout qu'à deux on était déjà serré dans le coffre de la voiture.
Comment vous créez les programmations électroniques ?
* Tim Aberdeen : C'est moi qui m'en charge. Joe a les idées mais c'est moi qui met tout ça en pratique.
Les compositions peuvent partir d'un beat ?
* Joe Boyle : Ca dépend : des fois ça part d'un beat, des fois d'un riff... Il n'y a pas vraiment de règles.
* Tim Aberdeen : Je ne débute pas la composition de la même manière si je veux faire un titre plus électronique ou plus instrumental. Quand je veux faire quelque chose avec des instruments, je débute par la guitare, puis la batterie et enfin la basse. Pour la partie électronique du morceau, je débute par la batterie ou les percussions. Souvent, je prends des boucles toutes faites et je cherche des lignes dessus.
Comme Christine and the Queens ?
* Tim Aberdeen : Voilà ! Je prends une boucle ici, une boucle là : c'est quand même super facile la musique. Pourquoi tout le monde n'est pas musicien ? Je ne comprends pas !
Pour les textes, vous les écrivez tous les deux ?
* Joe Boyle : Je fais souvent le chant en yaourt et puis Tim rajoute des paroles... Parfois, ça peut aussi être moi qui fait tout le chant. Comme pour la composition des titres, il n'y a pas de règles.
Tim est meilleur en anglais ?
* Joe Boyle : Je pense oui !
* Tim Aberdeen : Bon après ce n'est pas du Shakespeare non plus...
* Joe Boyle : Nos paroles sont basiques.
Il faut que tout le monde comprenne pour pouvoir retrouver Marty ?
* Tim Aberdeen : Je me sens quand même obligé de parler entre les morceaux pour être sûr que le message passe.
* Joe Boyle : Avant, on avait placardé des avis de recherche dans Toulouse. Ca n'a pas marché, mais ça a intrigué certaines personnes : une fois, j'ai vu un vieux qui était inquiet et qui m'a demandé "Depuis quand vous l'avez perdu ?".
Il y a aussi pas mal de clips pour Marty Went Back, comment les faîtes-vous ?
* Joe Boyle : On se filme avec un portable. Tout est fait maison.
* Tim Aberdeen : On s'est filmé tous les deux pour 1984 et Chicken Skin. Bubbles c'est une compilation d'images qui retrace la période de 1984 à 2016. C'est un petit mémo pour nous afin que l'on puisse rattraper le temps où l'on n'était pas là. Enfin, j'ai créé un dessin animé avec mon ordinateur pour Bus 671.
Comment sont créés les scenarii des clips ?
* Joe Boyle : On mange très souvent ensemble le midi. Du coup, c'est pour nous un moment de création. Pour Chicken Skin, on a mangé un poulet un midi et on s'est filmé (rires). C'est vraiment tout con les coulisses des clips de Marty Went Back.
* Tim Aberdeen : On a l'idée de base tous les deux et ensuite c'est beaucoup d'improvisation.
J'ai aussi remarqué que vos titres sont très courts...
* Joe Boyle : On dépasse rarement les trois minutes. Une fois que le message est passé, ça ne sert à rien de s'éterniser dessus.
* Tim Aberdeen : J'aime les titres longs mais très souvent mes chansons préférées sont des titres courts. Il y a des riffs et des refrains efficaces et puis tu te dis "mince c'est fini" : tu n'as pas le temps de te lasser ou de t'ennuyer sur ce genre de titres qui passent vite. Si t'en veux encore, tu remets le titre. Alors qu'un titre plus long, par exemple un titre de sept minutes, tu vas rarement le réécouter. Ca se planifie à l'avance en fait !
Il y a des origines punk au sein de Marty Went Back ?
* Joe Boyle : En 1984, à Hill Valley, on avait un groupe de punk.
* Tim Aberdeen : J'avais oublié ça, ma mémoire me fait défaut parfois. Les voyages dans le temps ça laisse des traces.
* Joe Boyle : Le format court vient sans doute du punk.
Où a été enregistré votre EP ?
* Joe Boyle : Chez moi. On l'a enregistré en une semaine et ensuite on l'a fait masterisé par le batteur de Muscle.
* Tim Aberdeen : On avait déjà deux titres sur les cinq qui étaient déjà prêts, le reste on l'a peaufiné.
Pourquoi avoir mis ces cinq titres là sur l'EP ?
* Tim Aberdeen : Il y avait une cohérence entre les titres concernant l'interaction avec les autres. We Don't Have Friends dit que l'on n'a pas d'amis puis We've Got Friends raconte que l'on a des amis puisque l'on a installé le Facebook. Homo Sapiens parle du fait que ...
* Joe Boyle : Je suis un tocard !
* Tim Aberdeen : Je crois que tu n'as pas saisi l'allégorie... Les paroles racontent que, même si tu as pleins d'amis sur le Facebook, les gens sont surtout là pour propager des messages de haine, vouloir à tout prix avoir raison ou dire que telle ou telle personne est un connard. Bear Fight est en dehors des autres titres, mais raconte tout de même une interaction : l"histoire d'une bagarre entre nous et un ours dans les Pyrénées.
* Joe Boyle : C'est devenu un pote depuis. Il vient à la maison ce soir !
* Tim Aberdeen : La dernière chanson, Virginia, c'est à propos de Joe qui a trouvé l'amour grâce au Facebook.
* Joe Boyle : Une belle histoire qui s'est terminé trop rapidement...
* Tim Aberdeen : Joe a beaucoup de filles très jolies qui l'invitent sur le Facebook alors qu'ils ont zéro ami en commun et que ce n'est jamais la même fille sur les photos...
* Joe Boyle : J'ai un succès fou ! J'étais en couple avec Virginia pendant un moment. Elle avait besoin d'argent alors je lui ai donné un peu alors que je ne l'avais jamais vu. Elle m'a dit qu'elle prendrait l'avion avec l'argent que je lui ai envoyé mais elle n'est jamais venue.
Comment êtes-vous arrivés sur le label Spinnup ?
* Joe Boyle : En payant, tout simplement (rires). C'est plus une plateforme de distribution qu'un label. Mais ils vont quand même nous faire jouer à Paris.
* Tim Aberdeen : Tu distribues ta musique et en parallèle elle est écoutée. C'est le guitariste de Dharma Jerks qui nous a proposé d'aller jouer à Paris en novembre à l'Olympic Café.
Pour le Week-End des Curiosités, vous avez fait le tremplin Crédit Agricole. C'est une expérience qui vous a apporté quelque chose ?
* Tim Aberdeen : On a vu les coulisses du Bikini, c'était sympa.
* Joe Boyle : Des contacts avec les autres groupes présents et la possibilité de jouer au Bikini devant pas mal de personnes. A part ça, ça ne nous a pas apporté grand chose.
* Tim Aberdeen : Des retours positifs après le concert quand même. C'était aussi une manière de voir si on pouvait s'adapter aux grandes salles parce qu'à la base notre format est plutôt dédié aux petites salles quand même. Mais pour le coup, ça c'est bien passé.
C'est peut-être plus compliqué pour vous de jouer dans une grande salle, sachant qu'il n'y a pas la proximité avec le public ?
* Joe Boyle : La proximité avec le public c'est ce que l'on recherche le plus. Avec les barrières, la fosse ... Ce sont deux concerts différents entre un pub et une grosse salle. L'histoire est toujours là, mais c'est plus raccourci. Plus efficace en fait.
* Tim Aberdeen : Tu dialogues moins facilement avec le public. Dans un bar, tu peux parler directement avec le mec en face de toi. Au Bikini, c'est tout de suite plus difficile et moins personnel.
C'est plus compliqué pour distribuer les avis de recherche...
* Tim Aberdeen : On ne l'avait pas fait au Bikini !
Ce serait très long d'en distribuer à tout le monde.
* Tim Aberdeen : C'est sûr. Si on les jeter, les gens trouveraient juste ça rigolo et ils ne les prendraient pas. Il faudrait les donner directement dans les mains, mais ce n'est même pas sûr qu'ils les gardent.
Comment travaillez-vous vos sets ?
* Joe Boyle : Toutes les semaines on répète le concert en entier avec l'histoire et tout. Ca nous permet d'avoir le discours le plus rôdé possible pour le concert, pour que les gens comprennent ce que l'on cherche.
* Tim Aberdeen : C'est pour que l'on sache toujours comment aborder le concert. Quel morceau suit après, quelle partie de l'histoire va arriver, etc.
* Joe Boyle : Tim me surprend souvent en concert. Il y a toujours une part d'improvisation dans ce qu'il dit.
* Tim Aberdeen : Quand j'arrive à le faire rire, c'est toujours une petite victoire.
Quand Joe oublie de jouer de la guitare par exemple ?
* Joe Boyle : A La Cave à Rock, c'est différent : la bière est très bonne. Je ne suis pas toujours comme ça en concert !
Au niveau des dates, vous avez quoi de prévu prochainement ?
* Tim Aberdeen : On joue à Paris le 15 novembre et puis à Montpellier le 24. Peut-être aussi le 16 à Nantes ou Limoges. On cherche dans ce coin là, entre Toulouse et Paris !
Enfin, dernière question... Vous avez un scoop pour moi ?
* Tim Aberdeen : Je pense que le scoop a déjà été dit avec les dates qui ont été annoncées !