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Rockfanch

Interview : Hivernautes 2014

Publié le 6 Février 2014 par rockfanch in Interviews

http://hivernautes.com/Les%20Hivernautes_files/affiche-hivernautes-prog.jpgPeux-tu nous présenter la structure « Polarité[s] » organisatrice du festival ?
Christophe Dagorne (Directeur du festival) : Polarité[s] est une association créée en 2003 et dont le cœur de projet est l’accompagnement des pratiques musicales sur le segment des musiques actuelles amplifiées. L’association gère des locaux de répétition et d’enregistrement et propose également des cours de musique. Dans l’attente de gérer un lieu de diffusion à partir de 2015, Polarité[s] développe une politique de diffusion à travers la mise en œuvre d’événementiels comme les Hivernautes, la fête de la musique et parfois des co-réalisations de concerts avec d’autres partenaires culturels. La structure regroupe environ 400 adhérents et 150 groupes et artistes par an ont recours aux différents services proposés.

Pourquoi ce nom d’ Hivernautes ?
Lorsque nous avons créé le festival en 2001, nous souhaitions proposer un festival de musiques actuelles au cœur de l’hiver au sud du département alors qu’à l’époque et en dehors du festival Panorama à Morlaix qui se déroulait également en février, les événements musicaux se concentraient principalement sur la période estivale. Ce néologisme qui pourrait se traduire comme « les passagers de l’hiver » c’est imposé naturellement à l’équipe.

Un bref historique du festival ?
Comme affirmé au-dessus, nous avons lancé le festival en février 2001. A l’époque, l’équipe travaillait pour le Pôle Musical de Quimper, le secteur musiques actuelles de la Maison Pour Tous d’Ergué Armel, le projet qui a donné directement naissance à Polarité[s] en 2003. Lorsque la nouvelle équipe a pris en 1999 les commandes du Pôle Musical de Quimper, elle a trouvé un projet de festival qui s’appelait Riff de Nuit. Trois éditions s’étaient déjà déroulées dont la dernière dans une salle de 5 000 places. Les responsables de la MPT souhaitaient que l’on conduise une nouvelle édition de Riff de Nuit en mai 2000. Même si la perspective de travailler avec une jauge aussi importante alors que nous ne connaissions pas bien la sociologie du territoire en terme de réseau musiques actuelles ou encore d’habitude des spectateurs nous a un peu effrayé, on a tenté de relever le pari… et on s’est planté dans les grandes largeurs : moins de 1 000 entrées et un déficit de 30 000 € pour notre toute première orga. On en menait pas large au moment du bilan.
Malgré tout, on a souhaité ne pas en rester là et rebondir. On a totalement réécrit un projet d’événement autours de 5 idées directrices : proposer un festival au cœur de l’hiver en direction des personnes qui vivent ici toute l’année, travailler au sein de petites et moyennes jauges et ce afin de permettre de retisser un lien de proximité entre le public et les artistes, programmer des esthétiques peu diffusées à l’époque comme le métal, les musiques industrielles ou encore l’électro underground, accorder une place centrale à la création régionale et enfin proposer des contenus artistiques sur d’autres champs disciplinaires (arts visuels, cinéma…). D’entrée de jeu, le festival a rencontré son public. Le festival des Hivernautes pouvait prendre son envol.

 

 


 


Peux-tu nous présenter la programmation 2014 du festival ?
L’édition 2014 est spéciale à plus d’un titre. Déjà, elle se déroule dans un contexte où la quasi totalité des lieux de diffusion de la Ville sont en travaux. Du coup, nous quittons l’équipement culturel qui a vu naître le festival à savoir le complexe du Chapeau Rouge fermé pour travaux pour une période de deux ans. Nous investissons le vieux théâtre quimpérois le Max Jacob qui possède une capacité de 500 places debout. L’équipement est très vieillissant et doit faire prochainement l’objet d’une rénovation mais il possède un charme incroyable. Pour y avoir déjà travaillé à plusieurs reprises, l’endroit est apprécié des artistes et du public tellement il est atypique. Nous investissons également un petit lieu en proximité du théâtre que nous transformons en plateau télé pour la Web Tv du festival.
Trois soirées se dérouleront au Théâtre Max Jacob les 13, 14 et 15 mars prochains. Le 13, nous ouvrirons la soirée avec un nouveau projet quimpérois répondant au nom de Zoe Yawn. Suivront Tottoro et les Californiens de Deerhoof que nous sommes très fiers d’accueillir sur le festival. Ca faisait plusieurs années que nous cherchions à les programmer. Le vendredi 14, The Young Gods sera la tête d’affiche de la soirée. Là aussi, c’est un groupe que nous cherchons à programmer depuis la création du festival. Nous n’avions jusqu’à présent jamais réussi à faire coïncider les dates du festival avec le planning du groupe suisse. Le plateau est complété avec les excitants Von Pariahs, le projet atypique de Dead Hippies avec ses 4 guitaristes sur scène soutenus par une puissante base électro et les brestois de Im Takt. Le samedi 14, nous proposons un plateau groove/rock avec le duo de The Inspector Cluzo, Sandra NKaké, le duo Loo & Placido spécialisé dans le Mash-up et le très prometteur groupe de Douarnenez The Red Goes Black.

 


 

 

Par ailleurs, le festival propose du 10 au 15 mars une Web Tv dont le temps fort est une émission en direct tous les jours entre 18h30 et 20h30. Le principe est d’inviter un groupe par jour. Il y aura un live d’une trentaine de minutes, des interviews, des sujets… C’est un projet que nous portons avec une asso amie nommée Torr-Penn Production. La Web Tv du festival est visible via un player implémenté sur le site du festival.
Nous avons également un partenariat avec une association de cinéma Art & Essai, à savoir Gros Plan. Cette association propose une programmation dans leur cinéma le Quai Dupleix de films et documentaires musicaux pendant toute la semaine à 18 heures à des tarifs spéciaux.
Enfin, nous avons également des partenariats sur le champ des arts visuels et de l’art contemporain. Une exposition d’Elodie Lesourd sera visible au centre d’art contemporain de Quimper (Le Quartier), deux plasticiens quimpérois, Sylvie Le Gac et Stéphane Tesson, proposent une installation spectaculaire sur le parvis du théâtre Max Jacob et Art4Context, encore une association amie, propose pendant toute le festival toute une série d’actions culturelles en lien avec une résidence de création d’un artiste rennais qui s’appelle Nikolas Fouré.

Un coup de cœur dans la programmation ?
Deux groupes issus de l’espace régional, à savoir Totorro et The Red Goes Black.

 

 


 

 

 

Cette année on a affaire à une programmation plutôt rock alors que l’an passé, c’ est l’ électro qui a dominé la soirée principale. C’est un choix ou alors vous avez eu plus d’opportunités dans le rock pour cette édition ?
On a conscience que cette édition est particulièrement rock. Ca tient plutôt à des opportunités de programmation qu’autre chose. Cela étant, ce n’est un mystère pour personne qu’on aime ça.

Est-ce que tu penses que le festival rentre dans une nouvelle dimension avec la venue de The Young Gods ?
On n’a pas le sentiment de changer d’échelle avec la venue des Young Gods. Il nous semble au contraire que ça colle parfaitement à notre politique de programmation et que l’on reste fidèle aux principes de départ, à savoir privilégier la diffusion des musiques indépendantes. C’est une dimension essentielle à notre projet. Nous n’avons jamais écouté ceux qui nous invitaient au début de l’aventure des Hivernautes à changer d’échelle en basculant sur des plus gros lieux avec des artistes de plus grande renommée et plus mainstream. D’autres font ça très bien sur le territoire. On est resté un événement à taille humaine, où la place des bénévoles est préservée tout comme notre liberté de programmer certains groupes ne disposant pas d’une audience très large mais développant un projet artistique carton. Alors c’est sûr, Young Gods possède une certaine notoriété. Mais ça reste cependant un groupe issu de la scène indépendante européenne.

 


 


En plus de la musique, on a du cinéma, de l’art visuel et une web TV. Ça te semble important de faire un festival inter disciplinaire ?
Complètement. Ca relève d’un principe que nous trouvons essentiel, à savoir le décloisonnement des pratiques et des publics. Et puis il faut bien tenir compte de l’évolution des pratiques des artistes, ces derniers n’hésitant plus à intégrer plusieurs disciplines dans leurs créations. Le phénomène n’est pas nouveau en soit mais il s’amplifie avec notamment le développement technologique et des artistes de plus en plus « multidisciplinaires ». Il suffit de constater par exemple l’importance prise par l’image sous toutes ses formes dans les concerts. Et avec la technique du mapping vidéo, ce n’est à mon sens que le début.

Un artiste rêvé à programmer dans les années à venir ?
Pas vraiment. Ou plutôt une telle quantité que le temps qui nous est imparti n’y suffirait pas ! Mais tu as compris que notre came, ce n’est pas de courir après des artistes « bankable ». Les Hivernautes, c’est l’antithèse d’un événement qui servirait la soupe au star system. Pour te décrire l’esprit du bousin, les bénévoles, les équipes techniques et les artistes bouffent ensemble dans le même espace, font la teuf après les soirées... Seuls les artistes habitués au circuit indépendant comprennent cet état d’esprit. Aux Hivernautes, tu croises au bar quelqu’un qui était sur scène cinq minutes avant, quand tu ne te fais pas servir un  e bière par le musicien d’un groupe local qui ouvrira la soirée du lendemain. C’est cet état d’esprit que l’on défend depuis près de 15 ans. On n’a vraiment pas envie de s’emmerder avec les artistes qui ont des demandes extravagantes et des comportements de divas.

Un scoop pour Rockfanch ?
Il se murmure que l’édition 2014 pourrait être l’avant-dernière édition des Hivernautes. Affaire à suivre…

 

Site officiel : Hivernautes.com

Facebook : Facebook Hivernautes

Twitter : @Hivernautes

Programme complet : Calameo

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