Marc Collin est définitivement un homme à part ... Après avoir passé près de dix années sur son projet Nouvelle Vague où il a mêlé la New Wave (Depeche Mode, Joy Division, XTC ou Etienne Daho) à des teintes plus Bossa Nova. Au final de ce projet sacrément gonflé, près d'un million de disques vendus des quatre albums du projet et 600 concerts à travers le monde entier. Sans oublier des collaborations avec Camille, Sandra Nkaké, Phoebe Killdeer ou Nadéaeh, qui ont débutés avec Nouvelle Vague et qui volent désormais de leurs propres ailes.
En 2015, Marc Collin revient avec une ambition nouvelle ; revisiter le trip-hop en y ajoutant les éléments pop des 60's.L'album ne pourra pas échapper à son destin et il s'appellera Bristol, du nom de la ville berceau du trip-hop. Ce dernier est un genre musical apparu au début des années 1990 en Angleterre. Cette ville de Bristol, sera le lieu de naissance de deux monstres du genre : Massive Attack et Portishead. L'Angleterre fournit aussi d'autres talents comme Archive ou Morcheeba. Rapidement, ce style embrase la planète et s'exporte aux quatre coins du monde avec Hooverphonics pour la Belgique, Björk pour l'Islande ou encore la suèdoise Neneh Cherry. Avec l'objectif de réinterprêter les quatorze titres qui composent l'album de Bristol "comme un film des années 1960", Marc Collin s'entoure de la jeune génération. Celle qui est née avec le trip-hop dans les années 1990. On retrouve notamment au casting : Jim Bauer (le fils d'Axel Bauer), Clara Luciani (chanteuse de la Femme), Dawn mais aussi Martin Rahin ou Prudence Fontaine. Plusieurs membres de l'aventure Nouvelle Vague sont aussi de la partie comme les chanteuses Yasmine Hamdam, Liset Alea ainsi que Thibault Barbillon qui assure la quasi-totalité des guitares et des basses sur l'album.
Et niveau musique qu'est ce que ça donne ce premier album ? Un coup de maître sans hésitation ! Tout d'abord par l'instrumentation de l'album, le pari a été pris par Marc Collin de prendre une base 60's. C'est à dire de prendre les instruments basique de la pop qui sont la guitare, la basse, la batterie et le clavier. C'est audacieux ! Surtout quand on sait que la quasi totalité du trip-hop est fait à base de samples. Dans l'interprétation des titres par les chanteurs on trouve cette même audace. A savoir que dès le premier titre Safe From Harm (Massive Attack) le tempo devient sacadé, presque bossa nova avec un couplet ... en français. L'audace, les amis, l'audace... Les titres sont remixés à la sauce soul avec Woman de Neneh Cherry repris par la sublime Cécile de Laurentis. De l'album on retient aussi l'excellente performance vocale de Jim Bauer, excellent dans les trois titres qu'il interprète : Roads (Portishead), Gabriel (Lamb) et surtout Mad About You (Hooverphonics) dont il booste considérablement le tempo. Comme un symbole, Overcome de Tricky se voit attribuer les rythmes chaloupés de la bossa-nova, hommage appuyé à Nouvelle Vague. Hommage aux racines du trip-hop, le dub, avec No Justice des pionniers Smith & Mighty qui prend un petit coup de fouet. Aux titres énergiques s'enchainent des sons plus feutrés comme Paper Bag de Goldfrapp.
Toujours respectueux de l'oeuvre originale, Marc Collin et toute l'équipe de Bristol nous offre un regard nouveau sur le trip-hop en le mélangeant à la soul, à la pop et au rhythm'n'blues. Un premier album audacieux de Bristol qui en appelle forcément d'autres tant on a envie de savoir comment le projet va évoluer. On se dit qu'après avoir visité avec talent les années 1980 dans les années 2000 et les années 1990 dans les années 2010... On a hâte de voir ce que le maître Marc Collin nous prépare pour 2020!