Après deux EP Harapan et Realitas, voici l’heure du premier album pour Paddang, Chasing Ghosts. C’est le moment de passer un cap pour vous avec cet album ?
* Thom (chant et guitare) : Le premier album c'est une aventure un peu effrayante pour beaucoup de groupes, je pense. C'est un format à la fois exigeant et très noble. Pour continuer d'avancer et poser les fondations du "nouveau" Paddang, on s'est dit qu'il était temps de se jeter dans le grand bain et d'écrire un bon morceau de rock.
* Rémi (batterie et chant) : Carrément ! D'ailleurs au début j'étais pas chaud de l'idée, mais Thom (surtout) était très motivé à l'idée de sortir un album plutôt qu'un EP. Alors on s'est dit ok, mais seulement si on fait bien les choses. On s'applique, on donne tout, on cherche des gens (label, attaché presse, etc.) pour nous pousser au cul. Et nous voilà avec un album dont on est très fier !
Thom, tu parles de "nouveau" Paddang... Vous avez opéré un changement de direction depuis vos débuts ?
* Rémi : On a surtout essayé de se recentrer musicalement. Jusque là, on avait pas mal de morceaux qui s'éparpillaient dans le stoner, le psyché, le prog... Sans jamais qu'on puisse réellement identifier la patte Paddang.
* Thom : En quelques sortes oui. On cherche simplement à défendre la musique qu'on aime, on joue du rock sans se mettre de barrières ou d'étiquettes. Mais nos goûts évoluent et se resserrent vers des esthétiques plus précises, on gagne en maturité aussi sur le projet. On y voit un peu plus clair aujourd'hui sur qui est Paddang.
Quand tu parles de faire du rock sans se mettre de barrières ou d'étiquettes, on sent la patte rock bien entendu. Mais aussi une influence musiques du monde dans cet album. On a déjà échangé sur l'influence indonésienne sur le groupe... Mais je trouve qu'il y a aussi une patte afro-beat notamment sur The Cave. Les musiques du monde ça fait parti de vos influences ?
* Rémi : Une patte afro-beat ? Peut-être sur la partie en 6/8 de The Cave, mais on avait pas du tout pensé à ça. On est pas trop influencé musique du monde, non. Plutôt IDLES, King Gizzard & the Lizard Wizard... Et même, notre influence indonésienne est presque derrière nous. C'était un bon point d'ancrage pour nos deux EP, mais désormais on essaie d'être plus spontané.
* Thom : On est assez curieux musicalement et ouvert à beaucoup de style. J'écoute moi-même des groupes qui se sont clairement inspirés de musiques traditionnelles d'un peu partout, mais clairement ça ne fait pas partie de nos influences, en tout cas pas consciemment. Par contre, on essaye toujours de dépeindre un paysage, une émotion, une situation dans nos morceaux... C'est peut-être ce qui te fait dire ça sur The Cave qui est un clin d'œil à la Cave d'Uluwatu à Bali.
* Guirec (basse et chant) : En vrai, le point commun qu'on peut avoir avec les "musiques du monde" c'est ce côté transe répétitive, un peu hypnotisant, qu'on adore utiliser. Tu en as sur 3.0, The Cave, Terima Kasih, People of Pura Luhur,…
Pourquoi ce titre de Chasing Ghosts ? Quels sont ces fantômes que vous chassez ?
* Thom : Les sujets abordés sont en fait assez larges : ça va des problèmes existentiels de chacun à des problèmes sociétaux plus profonds. L'idée générale c'était de faire une photographie à l'instant T de nos vies et de tout ce qui a merdé dans le monde jusque là… Des situations et challenges personnels à surmonter, les violences policières, le fanatisme religieux, la place des femmes et des hommes dans la société, mais aussi des choses plus légères ! Parce que le monde et la nature sont beaux... On a voulu prendre un peu de hauteur sur tout ça et l'exorciser dans notre musique pour mieux se tourner vers l'avenir.
* Rémi : L'exorciser et pour qu'on puisse se défouler dessus aussi !
* Guirec : On chasse aussi les souvenirs dans le sens "courir après", du mot "chasser". On a des morceaux qui sont très nostalgiques, on parle de se réfugier dans un souvenir agréable. Notamment pour échapper au quotidien quand il est violent et trop dur à affronter.
Si je comprends bien, autant dans le sens musical que dans le sens des thèmes abordés dans vos textes... Vous ne mettez aucune limite dans votre création !
* Thom : En réalité on se met beaucoup de limites pour rester fidèle à ce qu’on est et aux idées qu’on veut défendre. Pour ne pas se perdre et pour ne pas perdre les personnes qui nous écoutent, aussi. Mais oui, la liberté est un concept très important pour nous ! On essaye plus que jamais de proposer notre univers, notre esthétique sous ses différentes facettes. Il y a assez de normes dans la société et dans la musique actuelle quand on écoute les radios mainstream pour ne pas s’enfermer dans des carcans réducteurs. On est Paddang. Et notre proposition est unique.
* Rémi : Disons qu'on se fixe nos propres limites !
Vous avez hésité avec d’autres titres que Chasing Ghosts pour baptiser cet album ou ça été une évidence dès qu’il a été évoqué ?
* Thom : Haha non à vrai ça a été compliqué de trouver le nom. Il fallait trouver quelque chose qui donne vraiment du sens aux titres présents sur cet album... Ça nous a pris un mois pour choisir le nom de l'album !
* Rémi : Avec le recul c'est Chasing Ghosts qui faisait le plus sens...
* Guirec : Disons qu'on avait plein de bonnes idées, et une liste immense de propositions. On a pris un délai de débat et de réflexion assez long dans le groupe, mais Chasing Ghosts était déjà dans le top trois.
Il y a eu trois titres de clippés (3.0, Dead on Tuesday et Island of Gods) avant la sortie de cet album. Ce sont trois titres représentatifs de ce qu’est la “patte” Paddang ?
* Rémi : À toi de nous dire, depuis le temps que tu nous suis ! Ça t'a plu ? Plus sérieusement, je pense que oui. On y retrouve un peu tous les ingrédients qu'on apprécie : outre le fait que ces morceaux sont plutôt rapides, la structure rythmique de 3.0 est peu commune, y'a des cassures... Idem pour Island of Gods, où on s'amuse à changer de rythme en fonction de la structure. Dead on Tuesday est plus "droit", mais là c'est Guirec qui chante le lead ! D'ailleurs, sur cet album on chante tous un peu plus avec Thom, ça c'est un truc qu'on a choisit de mettre en avant.
* Thom : Tout à fait. C’est difficile de mettre une étiquette sur Paddang tant on aime à jouer avec les marqueurs de nos différentes influences, mais ces trois titres sont le condensé de ce qu’on est. Et c’était aussi les trois titres les plus clippables sur le moment. Ceux sur lesquels on pouvait poser une image.
Vous aviez déjà l'idée des scénarios des clips en tête en composant les titres ?
* Thom : Pas du tout ! A titre perso je rêverais d’être un tel mastermind, mais on y est allé de manière spontanée et au fur et à mesure des sorties.
* Guirec : Vraiment pas, j'avoue... On a commencé à se creuser la tête une fois qu'on a eu fini la partie "enregistrement" de l'album. Dead on Tuesday a été le plus facile à scénariser.
Vous avez précédemment abordé le thème des textes de Paddang… Mais qui les écrit ? Sachant que vous chantez tous les trois, vous écrivez chacun votre partie sur un thème donné ou l’un d’entre vous écrit pour les autres ?
* Rémi : Thom écrit tous les textes ! Et évidemment on tâche de s'y ancrer au maximum pour les interpréter au mieux.
L’album Chasing Ghosts sortira sur le label Morsure. Comment êtes-vous arrivé sur ce label ?
* Guirec : L'année dernière, on a participé à un tremplin organisé par Rock & Folk Radio, et on a bien accroché avec l'organisateur, Sacha, qui commençait à monter son label Morsure Records ! Quand on est arrivé avec les maquettes de l'album, ça a matché, et depuis on bosse ensemble sur la partie pressage et distribution des vinyles.
L’album, comme les deux EP précédents, a été enregistré à Flantier et masterisé aux Etats-Unis par Bill Skibbe… On ne change pas une équipe qui gagne ?
* Guirec : Uniquement comme le second EP Realitas ! On a fait appel à des gens avec qui on a aimé travailler. Flantier Records, ce n’est pas le plus gros studio du monde, mais ce sont des copains qui tiennent ça et font un super boulot. Ils ont capté direct où on voulait aller avec cet album, ils ont proposé des idées ultra créatives, des arrangements... C'est important d'être confort quand tu te lances dans une aventure pareille ! Et Bill Skibbe de Third Man Records, c'est un gars qui a de l'expérience, qui aime et qui sublime les mix de rock, donc on se voyait pas aller ailleurs.
* Rémi : Tout à fait ! Même si on voulait un son différent sur Chasing Ghosts, par rapport à Realitas, ils ont de suite accroché et ont fait un super boulot. Rappelons que Harapan a été enregistré au studio L'Alimentation !
C’est le premier artwork qui n’a pas été fait par Thom. Celui ci a été confié à Alligataure pourquoi ce choix ? Vous l’avez laissé libre pour la création de l’artwork ou vous aviez déjà des idées de ce que vous vouliez ?
* Rémi : C’est grâce à William, un ami à nous !
* Guirec : Alligataure, c'est une illustratrice Toulousaine que j'ai rencontré par hasard. J'ai beaucoup aimé son travail, je lui ai dit que je lui commanderai une pochette d'album en rigolant, sauf que six mois après, c'était sérieux! On lui a demandé de bosser sur l'artwork pour se détacher un peu de tout ça, pour avoir une autre vision de notre univers que celle qu'on a dans nos propres têtes ! On lui a donné les grandes lignes et carte blanche. On savait qu'on voulait des créatures, ça tombe bien, c'est sa spécialité. On est hyper fan de son travail sur la pochette, et elle a l'air de bien plaire aux gens!
Sur cet album il y a aussi un duo avec Gabbie du groupe MADAM. Comment vous avez eu l’idée de ce duo ? Vous avez écrit un titre en pensant à un duo ou vous vous êtes dit "ce serait pas mal d’avoir un duo vu le texte" ?
* Rémi : Sur cet album on a voulu se faire plaisir, et l'idée d'un feat nous est venu naturellement. Gabbie est une pote, on a travaillé avec elle pour nos photos, MADAM sont aussi des copines... Ça nous a paru évident ! Pour le morceau, je me souviens plus…
* Thom : Random Boogie n'était pas prévu sur l'album à l'origine. Mais un soir après une soirée bien naze, on a écrit ce morceau de manière très spontanée. Un peu plus tard, alors qu'on prenait un verre avec Gabbie, l'idée d'un feat avec elle est venue sur la table. À la base ce n'était qu'une blague ! Puis quelques mois plus tard, quand on bossait les pré-prod, ce morceau un peu délire nous a paru être le bon, on le lui a proposé et elle a accepté ! C'était assez drôle à faire !
Cet album sera accompagné d’une release party qui aura lieu le 17 mai prochain au Connexion Live à Toulouse. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette soirée ? Notamment nous présenter les groupes qui vont ouvrir la soirée ainsi que la déroulement de l'événement ?
* Thom : On met les bouchées doubles pour cette soirée. Il y aura plein de choses en plus de la musique, dont des expos art et photo, mais on en dit pas plus ! Pour les groupes, on fait jouer Marty Went Back et Snakes In The Boot qui ouvrira la soirée. Gros plateau Garage Post-Punk, on a hâte !
Dernière question... Vous avez un scoop pour Rockfanch ?
* Guirec : Je n'ai pas de scoop qui me vient en tête, je passe mon tour !
* Rémi : Je déménage le 21 mai, toi qui lit cet article, viens donc m'aider.