Grosse année pour Underground Therapy. Départ de deux membres, arrivée d’un autre et changement d’instrument pour Anthony. Ça n'a pas été trop compliqué à gérer ?
* Sarah (chant) : Oui en effet grosse année pour nous. C'est un nouveau départ à quatre mais avec les mêmes envies et les mêmes objectifs. Au final on s'est vite rendu compte que ce changement de line up était la meilleure chose qui pouvait nous arriver. On s'est bien trouvés tous les quatre et notre taff a vite payé puisqu'en une année on a débloqué beaucoup de choses dont on rêvait depuis les débuts d'Underground Therapy.
Le gros changement c'est l'arrivée d'un nouveau membre, Corentin, derrière la batterie... Comment l'avez vous trouvé ? C'était parce que vous aviez entendu parlé de lui ou qu'il répondait à vos critères ?
* Tom (guitare) : J'ai rencontré Corentin au CFPM de Toulouse (école de musique) où nous avons partagé une année. Je lui ai parlé de notre projet et nous avions les mêmes envies : être dans un projet solide, de tourner et d'être au maximum professionnel.
* Sarah : Puis on a accroché humainement, on rigole beaucoup et on adore jouer ensemble !
* Anthony (basse) : Et musicalement on est tous dans le même délire, on a aimé direct les idées de plans de batterie et d'arrangements qu'il a proposées pour le groupe.
Nouveau batteur, nouveau bassiste avec Anthony qui change d'instrument... Ça a dû être un sacré chantier à gérer tout ça. Vous avez dû réadapter certains titres du fait de l'absence de la seconde guitare ?
* Anthony : On a tout réadapté en essayant de garder l'essentiel et le plus efficace des morceaux pour que ça marche à une seule guitare. La basse a pris plus de place en récupérant des mélodies de l'ancienne guitare, la guitare actuelle a gonflé son son et en même temps ça a permis à Tom d'avoir plus de place. Le tout en essayant au maximum de ne pas sacrifier les dynamiques dans les compositions.
* Sarah : Au final, le son a pris un up et on va dans une direction sonore bien plus "fat" qu'avant et quelque part c'était l'évolution un peu logique qui allait finir par arriver. C'est même plus agréable pour la place de la voix dans les arrangements.
Ça n'a posé aucun problème au niveau des anciennes compositions ? Je veux dire aucune n'a été mise de côté parce que vous n'arriviez pas à la réadapter ?
* Sarah : Les compos qu'on a choisies de mettre de côté c'était par lassitude de les jouer mais pas pour des problèmes d'adaptation. Certaines ne collaient plus à notre direction artistique, on les trouvait trop "blues".
Ce rétrécissement de Line up vous a permis de recentrer vos compositions sur un son plus brut et viscéral ?
* Sarah : Totalement. C'était ce qu'on voulait depuis longtemps, mais sans pour autant sacrifier les mélodies.
* Tom : On a laissé libre cours à notre inspiration et Corentin a pu également apporter sa touche. Un son plus brut et plus lourd. Comme dit Sarah, c'est ce qu'on voulait depuis longtemps.
En recentrant votre son de manière plus brute, l'arrivée de Corentin derrière la batterie et d'Anthony à la basse... Avez-vous changé votre manière de composer ?
* Sarah : On n'a pas changé notre manière de composer mais par contre on a changé notre manière de bosser globale. On fait beaucoup plus de préprod', on a notre set enregistré piste par piste... En dehors des répèt’ on bosse tous les jours à domicile le set et nos compos en cours. Comme on a tous les mêmes objectifs et les mêmes exigences, on peut travailler de manière plus efficace et plus cohérente. Tout le monde se rend dispo pour Underground Therapy et se donne à fond.
* Anthony : On est plus exigeants sur nos parties respectives, on bosse au clic et sur partitions. Tout ça pour mieux maîtriser les morceaux et être plus libres sur scène.
Qu'est ce que le néo rock thérapeutique qui est décrit dans votre bio ? Qu'à t-il de nouveau... Et de thérapeutique ?
* Sarah : Nouveau dans le sens où on s'éloigne d'un son vintage, on s'amuse avec les sonorités mais aussi avec les dynamiques. Et thérapeutique parce qu'autant le propos des chansons que nos concerts sont cathartiques. Souvent après les concerts, les gens viennent nous dire "Ah ouais je comprends le côté thérapeutique, j'étais venu sans trop savoir ce que c'était mais là j'ai compris." Je pense que la scène est autant un exutoire pour nous que pour le public.
* Tom : Sur un plan personnel, la musique est aussi tout simplement une forme de thérapie. Ça colle avec le concept du groupe.
Passons à ce qui est au cœur de cette interview. La sortie de votre second EP Fire Back. Ce titre a été choisi pour montrer la renaissance de Underground Therapy? Montrer que tel le phénix vous renaissez par le feu ?
* Sarah : Ça montre un renouveau au niveau du son ! Une volonté de revanche et d'émancipation... Depuis les débuts, Tom, Antho et moi on est là, on fait avancer le groupe. On a jamais rien lâché même si on avait zéro réseau et qu'on galérait à trouver des gens prêts à se battre avec nous. Et il y a un an, on a vécu ce renouveau avec l'arrivée de Coco qui avait lui aussi cette hargne. Fire Back c'est l'aboutissement d'un an de taff. C'est un coup de poing dans le bide pour dire "Hey, on est là, on a des trucs à dire, on lâche rien." Fire Back c'est nous quatre, notre son, notre rage.
Il y a rupture entre vos deux EP Neurosis et Fire Back du coup?
* Anthony : Clairement ! Que ce soit au niveau du son, des compos, des arrangements. On peut clairement dire que le groupe a pris une autre direction. Ce qui est tout à fait logique au vu du changement de Line up. Nouvelles personnes, nouvelles approches.
* Sarah : Il y a à la fois une rupture et une évolution logique, on a fait des choses sur Fire Back qu'on n’avait pas pu faire sur Neurosis.
* Tom : Pour rejoindre Antho, en terme de son on a pu faire les choses différemment. Vu qu'on fait tout en "do it yourself" on apprend et on s'améliore à chaque fois.
Pour les choses que vous n'aviez pas tenté sur Neurosis... C'était parce que vous n'aviez pas osé le faire ou pas les moyens à l'époque de le faire ?
* Anthony : En fait, le groupe a toujours été défini par les gens qui l'ont composé. Et à l'époque on était pas tous dans cette approche là. Et puis on a tous nos "parcours" musicaux et actuellement on a envie de double pédale et de basse saturée ! Peut être que le prochain album sera un album de Trap…
Vous avez pu assouvir votre désir de gros son qui défonce avec Fire Back !
* Sarah : Oui et sur scène aussi ! Tout ça nous libère ! On a tous trouvé notre place je crois.
Quels groupes ou artistes ont pu vous inspirer musicalement parlant pour l’enregistrement de Fire Back ?
* Sarah : Sur la route cette dernière année, on a beaucoup écouté Pogo Car Crash Control, IDLES, Fever 333, Deftones, Imparfait ou encore Lofofora. Je pense que ça nous a mis dans une vibe plus vénère !
Qui a créé l'artwork et comment interpréter cette pochette ?
* Sarah : C'est moi en DIY ! On avait envie d'un truc simple, efficace et qui te pète à la gueule quand tu le vois. Sans fioritures. On n’est pas des grands fans des pochettes où le groupe pose en mode rock stars. (on n’a rien contre ceux qui font ça hein !). On voulait quelque chose de sobre qui retranscrive l'idée de rage, de riposte et de revanche
On peut voir ça comme une révolte aussi. Un pavé qui brise une vitre !
* Anthony : Tout à fait !
* Sarah : Exactement ! C'est ce qu'on voulait que les gens voient et interprètent !
Vous pourriez décrire chaque titre en une phrase pour les présenter ?
* Sarah : Lighter, c'est le titre qui parle de revanche, de brûler le patriarcat. Shadow & Light, ça parle de s'émanciper des attentes de la société et du fait que c'est ok de ne pas rentrer dans les cases. Abyss, c’est une volonté de lâcher prise au point de s'en faire mal. Black Walls, ça parle de vivre dans une société malade dans laquelle on se sent bloqué. (Il y a un clin d'œil à un film dedans. On offre l'EP au premier qui trouve quel film !) Stupid Man, c'est une “déclaration de désamour” aux vieux réac'.
Comment écris-tu tes textes d'ailleurs Sarah ? Ça vient par bribes ? C'est un événement particulier qui te fais écrire ?
* Sarah : J'ai un carnet dans lequel j'ai plein de phrases en vrac, rangées par thèmes. Dès qu'on se met à composer avec les gars, je sors mon carnet et je vois ce qui colle, je cherche les sonorités et la vibe du morceau. On jamme dessus tous ensemble. Et après, au calme chez moi, je bosse dessus jusqu'à ce que ça soit fluide et cohérent avec la musique.
Il y a quand même une notion d'engagement dans votre art... Que ce soit à travers Underground Therapy ou à travers votre collectif Sound & Rags. L'engagement dans la musique sur des thèmes sociétaux, c'est une donnée rare de nos jours...
* Sarah : Je pense qu'on est des personnes sensibles et empathiques. On a besoin d'extérioriser et ça passe par la musique. On pense aussi qu' il n'y a pas assez de représentations de meufs sur scène même si c'est en train de bouger petit à petit. On a été aussi pas mal frustrés de voir à quel point c'est difficile d'avancer sans réseau et sans argent. On a voulu être solidaires avec d'autres musiciens et musiciennes qui galèrent autour de nous. Et l'entraide mine de rien, ça te forme, ça te booste et ça t'ouvre plus de portes que tu peux le croire. Puis ça nous a permis de rencontrer de belles personnes (poke les Sweet Monsters).
D'ailleurs, en parlant des Sweet Monsters, vous les invitez à vous rejoindre pour votre Release Party le 20 octobre prochain à la Cave à Rock en compagnie de Faaws. Pourquoi cette invitation sur ce plateau et pourquoi ce choix de salle ?
* Anthony : Pour notre release on voulait être en famille, entourés de gens qu'on aime. La Cave à Rock ils ont toujours été là pour nous et les Sweet Monsters ce sont des amours, on les adore ! On a partagé pas mal de scènes avec eux du coup c'était évident pour nous que ça se passe avec eux à la Cave, là où on les a rencontrés la première fois d'ailleurs.
* Sarah : Et Faaws c'est une amie de longue date qui est également dans le collectif. Son projet est dingue, faut aller l'écouter !
Et bien sûr pour cette release on pourra non seulement apprécier trois chouettes concerts, mais aussi avoir du merchandising spécial pour l'occasion siglé Underground Therapy ?
* Sarah : Oui ! On va enfin avoir des CDs ! Ainsi que des affiches, des T-shirts etc.
Vous avez signé chez un booker, Pongo Booking, comment avez-vous signé là bas et pourquoi avoir choisi ce booker en particulier ?
* Sarah : On a participé à un tremplin “Los Bambasitos” en novembre 2021 et on y a rencontré José Garcia, le président de l'asso. Ça a été un coup de cœur humain mutuel et il a adhéré de suite au projet. Il nous a recontacté pas longtemps après quand il a monté Pongo Booking, pour nous proposer de rejoindre son roster et évidemment on a dit oui direct ! Et c'est via lui qu'on a été mis en contact avec Revolu'Prod avec qui on a signé dans la foulée. C’est une boîte de production qui débloque des subventions pour nous si besoin (entre autre), elle soutient Underground Therapy en partenariat avec Pongo Booking. Elle nous aide à la promotion de notre travail.
Sur scène, vous avez maintenant deux EP à défendre avec Neurosis et Fire Back. Comment faites vous cohabiter les deux dans votre setlist ? Ca du être un casse tête de bien mélanger les deux EP sur scène ?
* Sarah : On a réarrangé les anciens morceaux et ils sont plus proches de l'esprit de Fire Back aujourd'hui. Au final ça n'a pas été si compliqué, le son de basse y fait beaucoup... Le bûcheron derrière les fûts aussi !
Selon vous, quel titre de votre discographie représenterait le mieux la musique d’Underground Therapy ?
* Anthony : Trop dur comme question ! Je dirais Lighter mais en vrai un titre comme Abyss aussi pour les changements de dynamiques.
Dernière question, vous avez un scoop pour Rockfanch ?
* Sarah : On va annoncer une belle date très bientôt mais on ne peut pas en dire plus pour l'instant !