Loup Malevil, pourrais-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Loup Malevil : Je m'appelle Loup Malevil, je suis musicien, violoniste et guitariste. Depuis six ans, je suis chanteur de hard-rock au sein du groupe Toulousain Sabotage. En parallèle de ce groupe, j'ai développé mon projet en solo depuis deux ans qui est dans une esthétique country folk southern rock.
Tu as donc décidé d'un projet perso en parallèle de Sabotage. C'est un projet que tu souhaites plus proche de l'Amérique du Nord que tu as quittée il y a une dizaine d'années ?
Oui c'est ça exactement. J'ai toujours écrit des chansons, j'en ai écrit certaines pour Sabotage avec Félix le guitariste. Au départ, je me retrouvais à avoir certaines morceaux qui ne correspondaient pas tout à fait à l'esthétique ou à l'envie de Sabotage. C'était ce que j'appelais mes « hangover musiques », ma musique « gueule de bois ». Il s'agissait là plus de ballades folk ou rock. Et en parallèle de ça, j'avais cette envie de pouvoir jouer du violon et de composer de la musique avec cet instrument en réunissant tout ce bagage de chansons que j'avais déjà. En plus de l’ambition de développer un projet perso. Je me suis tourné vers mes influences de musique country et ça fait partie de mon patrimoine musical. Ce n'est donc pas un grand écart pour moi.
Tu as appris le violon avant la guitare ?
Oui c'est ça je suis violoniste. J’ai appris le violon tout petit quand je vivais encore au Québec.
On peut dire que tu as cette double culture entre le rock et la country, mais tu as décidé d'en faire deux projets bien distinct ?
Oui, deux projets complémentaires en fait. Dans ce projet qui porte mon nom, je bénéficie d'une plus grande liberté. C'est une formule qui me permet de pouvoir présenter mes chansons que je sois en solo ou accompagné de mes acolytes. Mais je précise que ce projet n'est pas qu'une histoire de confinement. C'est un patrimoine de chansons accumulé depuis quatre voire cinq années.
Est-ce que le processus d'écriture est le même concernant la genèse des chansons entre Sabotage et ton projet solo ? Tu trouves un texte ou une mélodie pour une chanson mais tu sais directement quel titre deviendra country ou hard-rock ?
Aujourd'hui en me professionnalisant, j'ai adopté une rigueur de travail différente de mes débuts. Je sais dès le départ quand j'écris un morceau de country ou un morceau pour Sabotage. Sans avoir une personnalité complètement dédoublée, j'arrive à ne pas me mettre dans les mêmes chaussures. D'avoir le même état d'esprit lorsque je crée avec Sabotage ou pas. En plus de ça, il s'agit là, pour l'album Deliverance, d'un processus de création très solitaire, à la base, puis collectivisé alors que je fais le chemin inverse avec Sabotage. On commence à travailler ensemble puis je développe le propos ou la ligne mélodique de mon côté. Dans l'écriture de mon album solo, j'ai eu tendance à anticiper l'écriture du texte par rapport à la mélodie, ce qui est aussi à l'inverse de mes habitudes passées. J'avais vraiment envie de développer certains thèmes qui me tenaient à cœur.
Le confinement t'a décidé à te lancer en solo ? Tu t'es dit que c'était sans doute le moment ou jamais ?
Le confinement m'a surtout donné l'opportunité de le faire ! J'évolue au sein de diverses formations musicales, que ce soit en tant que chanteur ou violoniste. Au quotidien mon travail se fait sur scène. Je ne trouvais jamais le moment particulier, le moment magique où je pouvais me retrouver face à moi-même et avoir l'envie, la confiance et l'énergie d'écrire et de composer. Dès le début de cette terrible année 2020, j'ai perçu le potentiel positif à tirer de cette tragédie.
Tu as transformé ce moment dramatique en moment positif en te disant que tu allais enfin avoir le temps de développer ce projet solo ?
Exactement, j'adore mon job donc il n'était pas question pour moi de le mettre de côté. Je suis d'un naturel plutôt positif donc j'ai mis de côté du mieux que j'ai pu mes colères et mes frustrations. Et putain y en a ! Quand tu vois près de 80 concerts s'annuler progressivement sans rien pouvoir y faire... Et, encore sur une touche positive, comme beaucoup d'amis musiciens avec qui j'avais envie de taffer se trouvaient être dispo, par la force des choses, c'était le moment ou jamais.
D'ailleurs, en parlant de tes amis musiciens. A quel moment tu t'es dit « maintenant il faut que mes titres soient joués en groupe » ?
Quand je n’arrivais plus à jouer de la guitare, de l'harmonica, à chanter et faire du violon en même temps haha ! Blague à part, l'ambition principale que j'avais pour cet album, c'était de développer les harmonies de voix.
Un homme orchestre c'est bien aussi avec une grosse caisse dans le dos, non ?
Ouais mais beaucoup trop fatiguant ! Nan mais voilà, je cherchais avant tout des gens pour chanter ces chansons.
Tu voulais partager ce projet non seulement en musique mais aussi vivre une aventure humaine en laissant d'autres t'accompagner ?
C'était l'essentiel ! On est parti à dix dans une maison paumée en Aveyron. La maison a un petit air de château. C’est ça qui a donné le sous-titre The Castle Sessions. On avait aussi deux tatoueurs dans la bande donc on se l’est même tatoué dans l'exaltation du moment ! Bref, c'est là qu'on a monté le studio pour l'album. On s'y est enfermé dix jours. Et ça a été fantastique. La moitié de l'équipe ne connaissait pas l'autre moitié... On peut vraiment parler d'aventure humaine et musicale.
Et comment tu as sélectionné les dix personnes qui t'ont accompagné ?
Tout d'abord, je voulais travailler avec Marc Denis, l'ingénieur du son, que je connais depuis quelques années maintenant et avec qui j'avais bossé sur un EP de Sabotage. Il a aussi fait pas mal de guitares électriques en post production sur l'album. David et Nathan, multi instrumentistes et chanteurs tous les deux, faisaient déjà partie de l'aventure puisqu’en février 2020 nous avions déjà organisé les premières Castle Sessions où nous avions maquetté les premiers titres de l'album. Enfin, Julii Sharp que j'ai rencontré il y a deux ans et qui est devenue une amie nous a rejoint avec son contrebassiste Félix ! J'aurais pu inviter plus de monde encore. Ce n'est pas l'envie qui manque pour moi de jouer avec les supers musiciens talentueux qu'on peut trouver sur Toulouse mais il commençait à manquer de lits.
Et avec tout ce petit monde de musiciens et d’artistes enfermés, vous avez pu tous vous inspirer les uns des autres ? Vous apporter artistiquement pour faire une grande "colonie de vacances" qui avait pour but de créer les Castle Sessions ?
Oui et on a pas chômé ! Je suis quand même arrivé avec treize titres à monter, les musiciens ne connaissaient pas le répertoire. On avait tous envie d'enregistrer en live donc il a fallu pratiquer ces chansons encore et encore jusqu'à se faire saigner les doigts. Je parle au sens littéral du terme, n’est ce pas Félix ? C'était super intense et je pense que c'est aussi dans cette atmosphère d'urgence, d'ébullition que justement les musiciens ont pu le plus apporter leur touche !
Qu'est ce que ça a pu t'apporter au niveau musical d'avoir une autre vision d'artiste sur tes titres ?
Ca m'a fait mettre à la poubelle deux chansons pour commencer !
Ca commençait bien...
Elles n'étaient pas à la hauteur et définitivement je pense que c'est essentiel pour un musicien créateur de se confronter à ses pairs. C'est d'ailleurs la philosophie des Castle Sessions : faire de la musique ensemble ! Là où l'injonction à créer collectivement, mais à distance, s'est faite omniprésente pendant le premier confinement. Certains annonçaient le futur de la musique. Si c'est le cas, alors je suis un ringard et je l'assume.
Est-ce qu'on peut faire un parallèle avec les Desert Sessions qui existent dans le rock / stoner ?
Clairement ! Ou avec les Basement Tapes de Bob Dylan : amitié, sincérité et simplicité. De la musique organique et de la nourriture pour l'âme.
Tu as voulu à travers cet album apporter une sincérité artistique totale c'est bien ça ? Partir d'un projet solo vers quelque chose de plus collectif ? Que chacun puisse apporter à l'autre ?
Oui, et pour aller plus loin quelque chose qui donne envie aussi au public de se l'approprier. Pas seulement aux musiciens. Des chansons qui se chantent. C'est un retour aux racines pour moi. Lorsque j'étais enfant, au Québec, tu trouvais tout le temps des carnets de chants dans les maisons. Une bonne soirée ne se terminait pas sans qu'on se mette à chanter plus ou moins juste. De la musique qu'on s'approprie !
Une anecdote. Après ces séances d'enregistrements des Castle Sessions de parfois sept heures d'affilée, on se retrouvait dans la cour et on mangeait ensemble. J'étais lessivé. Mais ma plus grande joie c'est quand l'équipe retournait chercher ses instruments et se remettait à jouer les chansons qu'on avait poncées toute la journée avec autant voire plus de plaisir encore ! Je suis trop fier de ça.
Tu ne t’es jamais dit que ça pourrait ne pas coller entre certaines personnes que tu as contacté pour faire partie de ces Castle Session ?
Si, j'ai un peu forcé le mariage par moment je le reconnais. Mais il y a pas eu de clash et je sais que tout le monde en garde un bon souvenir donc ça me suffit.
On peut parler d'un projet plus que musical, si des graphistes étaient là. C'était ton ambition dès le début, aller au delà du simple album musical, pour couvrir plusieurs formes d'arts ?
En effet, j'ai commencé à collaborer avec Yumi lorsque je faisais du bar avec Jim Bergson. Elle a bossé sur des affiches principalement à ce moment, du dessin surtout. Ensuite, elle a travaillé sur l'artwork de Sabotage et là j'ai su que ça allait être une dimension essentielle de ce projet artistique. Elle est vraiment douée et apporte vraiment quelque chose à la musique. Donc aujourd'hui je ne peux pas imaginer le projet sans elle. Et puis dans la démarche générale du projet qui est entièrement auto-produit, elle m'accompagne et ensemble on apprend plein de nouvelles compétences, en graphisme, en dessin, elle en tattoo. Maintenant, on fait du montage pour les clips qu'on a tourné à la maison.
Elle a pu vous inspirer pour composer ?
Je ne me suis jamais posé la question aussi directement. Je réalise que sur mes compositions les plus récentes, j'ai une approche beaucoup plus imagée, même dans mon écriture. Quelque chose de plus théâtralisé en quelques sortes. Je pense que son taf a une influence sur ça en effet. Je ne sais pas si je suis très clair mais écoute Saints & Killers à l'occasion ou The Way Our Kind Makes History qui a été clipé cet été.
Mais toutes les personnes ont pu apporter à ce projet, est ce que ça reste encore ton projet "solo" ?
Tu mets le doigt sur un élément qui nécessite une explication. En fait, je persiste à le penser "solo", non pas parce que je suis le compositeur principal de la musique mais surtout par rapport au mode de fonctionnement que je veux garder le plus flexible possible. C'est un mode de fonctionnement plus collectif qu’à l'image du groupe de musique comme on se le représente. Je veux pouvoir présenter cette musique en live en solo, duo, trio ou full band à cinq ou six et que ça ait toujours du sens. Une proposition artistique assez versatile, qui s'appuie sur un univers graphique qui lui fera le lien et la cohérence.
Proposer différentes formules ça veut aussi dire des chansons qui se transforment en permanence, l'interprétation n'est pas la même en solo, à trois, quatre ou cinq ?
Oui, dans l'interprétation ! Toutes les chansons sont jouables en live, c'est important pour moi qui suis avant tout un musicien de scène. Il y a pas d'arrangements studio essentiel à la bonne tenue d'une des oeuvres de l'album. J'ai une bonne expérience de la scène en solo ou en duo : du bar, de la rue, mais aussi avec Sabotage. Des salles plus grosses comme le Bikini ou le Metronum. J'aime toutes ces formes de représentations à égalité et je veux pouvoir continuer à les pratiquer.
Tu as décidé de faire un projet qui peut se jouer n'importe et se partager avec un public le plus large possible ?
J'ai conscience que la musique country souffre d'un manque de reconnaissance en France, à tord, j'en suis sûr, car elle a pas mal apporté à la scène musicale francophone depuis les années 70. Néanmoins, je m'identifie consciemment à cette étiquette car mon public n'est pas exclusivement français d'abord, et ensuite car je ne suis pas dans une démarche commerciale ou de pédagogie. Je ne veux pas avancer dissimulé en somme. J’invite seulement ceux que ça intéresse à partager un moment avec moi et mes potes.
Inconsciemment, tu te dis qu'en faisant la formule la plus "adaptable" possible musicalement parlant, c'est un bon moyen de diffuser l'écoute de ta musique country ?
Oui, au moins sur le plan technique je suis adaptable et je ne me coupe d'aucune scène ou dispositif.
Tu as parlé plus tôt dans l'interview de développer des thèmes qui te tiennent à coeur ? Quels sont-ils ?
Quand j'avais le nez en plein dans l'écriture je ne m'en suis pas tout de suite aperçu. Dès que j'ai pu avoir un peu de recul, j'ai réalisé que le thème de la famille était présent tout au long de l'album. Donc ça c'est une première chose. Dans la démarche assez intimiste de cet album, c'est vrai que ça prend son sens. Je peux être plus vindicatif, plus violent voir plus militant quand j'écris du hard rock. Dans ce projet solo, il est généralement plus question de témoigner de quelque chose de plus intime. C'est ce qu'on retrouve sur Time qui est un clin d'oeil à un thème ultra exploité dans la musique country/old timer. Celle du mythe familial des pionniers. Spilled Wine on a Sunday Cake c'est plutôt l'envers du décor. Une chanson plus sombre qui évoque un drame familial que j'ai vécu il y a quelques années. À part ce fil rouge de la famille, j'aime donner la parole aux anti-héros du quotidien, des personnages mesquins, voleurs, égoïstes. Et aller chercher dans leur vision du monde la critique authentique qu'ils peuvent avoir.
Tu aimes donner la parole à des gens qui sont rejetés de la société ?
Souvent ce sont un peu des ratés aux yeux de la réussite sociale. J'aime les mettre dans cette situation difficile et voir comment ils vont réagir.
Tes chansons sont un peu comme des mini documentaires sociétaux ?
Je suis plutôt philanthrope. Mine de rien, je ne pense pas du tout que les gens sont des salauds par nature. Je pense au contraire que c'est principalement leurs conditions d'existence qui vont les inciter à se comporter de telle ou telle manière. Alors j'essaie d'aller au bout de leur inconfort. Parfois ça produit de la rédemption et parfois au contraire du drame. À chaque fois ça questionne un peu la société dans laquelle on vit. Dans ce sens, on peut dire ça ouais des mini-documentaires, je m'engage un peu. Par exemple, le personnage de Saints & Killers c’est le vieux gars qui a cravaché toute sa vie sans avoir le sentiment de se faire respecter. Il a arrêté de payer le loyer, les impôts et il attend sur son porche avec un fusil les flics qui ne manqueront pas d'arriver.
Pour ce qui est du working-class hero d'Anyhow dont tu as probablement pu voir le clip, le propos est en fait une réponse aux injonctions des dirigeants politiques hypocrites envers les travailleurs pauvres à assumer la sauvegarde de la société de production. Leur argument principal, quand ça les arrange, est que nous sommes tous ensemble dans la tourmente et que nous sommes une seule société et que l'on doit accepter des sacrifices collectivement. C'est faux selon moi et cela revient à nier les inégalités et les injustices. Le personnage de la chanson est un prolétaire, un travailleur dit "essentiel" et, bien qu'il ne le théorise pas comme je le fais ici, il a bien conscience que ce monde injuste, hypocrite, individualiste n'est pas le sien et qu'il n'a pas intérêt à se sacrifier pour le sauver. Je garde une note d'espoir en disant qu'il y a d'autres mondes possibles, une autre société à construire, mais que cela ne passera pas sans qu'advienne la mort de l'ancien. Tu vois ça reste plein d'espoir malgré le ton doux-amer.
Tu essaies de voir le bon qu'il y en chacun malgré tout.
Comme je te disais, j'ai conscience du mauvais en chacun de nous mais je suis persuadé que ce n’est pas ça qui nous définit réellement. Certains disent que l'homme par nature est dangereux pour son prochain. C'est de la merde, ce genre de discours pour moi. S’il y a une nature de l'homme, c'est avant tout l'entraide pour la survie et le reste c'est de la construction sociale.
Tu peux être inspiré par des films ? Par exemple voir une séquence d'un film qui t'inspire un titre ?
Je suis fasciné par certains westerns bien sûr ! Ce que j'aime c'est l'idée d'un monde nouveau, vierge et sauvage dans lequel on est réduit à devoir s'adapter. J'adore ce genre de pitch, un peu survivaliste dans un sens je le reconnais. J'aime les films d'horreurs de Rob Zombie. Mais par dessus tout les films de Martin Scorcese ! Les films en sepia qui sentent la cocaïne. Les histoire de succès, de déchéance et de rédemption. C'est l'histoire du rock.
D'ailleurs créer quelque chose de nouveau, vierge et sauvage c'est ce que tu as fait lors de ces Deliverance - The Castle Sessions en regroupant des gens qui ne se connaissaient pas forcément histoire de créer quelque chose de neuf...
Dans le sens de se mettre en contrainte, de se forcer à retourner à l'essentiel pour fabriquer quelque chose de nouveau.
Comment tu as réussi à faire jouer de la country à des musiciens qui n'ont pas l'habitude d'en jouer ? Tu leur as fait écouter de la country avant pour les plonger dans le bain
Bon tout d'abord, il faut avoir en tête que c'est vraiment pas un style musical qui nous est étranger ici. On partage, même sans le savoir, ses codes, ses thèmes... Je vais peut-être en fâcher certains mais la France est l'avant-cour des US depuis 60 ans. Politiquement, économiquement et surtout culturellement faut pas se voiler la face. On est presque américains !
Donc pour revenir au sujet, en étant entouré de musiciens compétents, ça n'a vraiment pas été compliqué de se mettre dans le bain. Après bien sûr j'ai conscience que ce qu'on présente ici c'est pas une production de Nashville et que ça va quand même porter la marque d'une création française, notamment en termes de technique d'enregistrement et de mixage. Enfin, c'est sûr que j'avais des affinités particulières avec des personnes comme David ou Julii qui connaissaient déjà ce style. On s'est quand même gavés d'albums country. Mais pour moi ça ne change pas trop, il faudrait leur demander à eux. Johnny Cash bien sûr, Waylon Jennings, Willie Nelson mais aussi du plus contemporain comme Stapleton, Cody Jinks Jamey Johnson, Sturgill Simpson... Je suis pas mal dans l'Outlaw Country.
Vous vous gaviez de country pendant vos pauses syndicales ?
Tout à fait ! Ça n’arrêtait jamais ! Surtout pendant les pauses même, pour couvrir le bruit de la machine à tatouer. Sur la playlist, il y avait aussi beaucoup de Lynyrd Skynyrd, ZZ Top, Allman Brother Band, du Billy Strings aussi et du Marcus King... ça a pas mal influencé les sessions je pense.
Ton album est baptisé Delivrance, pourquoi ce nom ?
Certains comprendront la référence filmographique peut être. Le lien que je fais avec ce film des 70's c'est qu'il aborde, parmi d'autres thèmes, celui de la modernité qui vient littéralement noyer le passé. C'est un clin d’œil déjà à ma démarche artistique, complètement anachronique. Je me place du côté du vieux monde. Aussi, on peut interpréter le mot deliverance en anglais comme un accouchement. Il s'agit de mon premier album. Il a été en gestation pendant plus de cinq ans et j'en accouche enfin maintenant. D'une certaine manière c'est une nouvelle naissance aussi pour moi qui présente au public quelque chose de plus intime. Il fallait naître, coucher sur bande ces chansons que je portais sur moi depuis toutes ces années pour passer à quelque chose d'autre et grandir même si je veux continuer sur cette analogie.
Tu as fais appel à un financement participatif pour cet album ? Pourquoi ce choix ? Comment as tu défini les récompenses ?
Jusqu'à présent tout a été autofinancé et très simplement. Mais maintenant je n'ai plus un rond à investir dans la fabrication de l'album. Donc déjà une bonne partie de ce financement participatif consiste en une opération de prévente.
Ensuite, la campagne de financement participatif est un bon moyen pour moi de sonder une audience, de mobiliser un public potentiel, en particulier dans cette période où le pouvoir nous interdit d'exercer notre métier sur scène.
J'adhère totalement à la philosophie initiale du financement participatif dans la mesure ou j'ai choisi de ne pas mettre en place des paliers avec des étapes de financement minimum, des accroches sensationnalistes, des rémunérations uniquement symboliques ou des préventes exclusives aux gros donateurs. J'expose directement aux soutiens le coût d'un tel projet professionnel dans une démarche de sensibilisation et j'accepte le principe du "tout ou rien".
Donc pour te répondre concrètement, 6000€ représente la moitié du budget de production de l'album à cela j'ai décidé de demander 2000€ supplémentaire pour réaliser un clip "grand comme l'Amérique et glorieux comme les 70's", une manière de projeter le projet dans le futur
Dernière question, as tu un scoop pour moi ?
Ce n'est pas vraiment un scoop... Mais le samedi 9 octobre, nous ferons la release party de cet album dans un nouveau lieu à Toulouse, le Skate Park Le Petit avec les amis de Westwego en première partie. La participation se fera au chapeau et ça va être une superbe soirée !