Pour ce nouvel EP, on avait envie de faire les choses différemment. On s’est donc mis en quête d’un studio où on pourrait enregistrer piste par piste et dormir sur place pour travailler confortablement. C’est comme ça qu’on a atterri à Ricaud où s’est montée une petite entreprise avec de grandes ambitions du nom de Flantier Records et avec déjà quelques belles références : Input’es, Noël Flantier, Grief, Julii Sharp… On va se bien marrer !
Jour 0 - Vendredi 26 Février - Départ et mise en place
16h - Instant Tétris, après avoir chargé à peu près l’intégralité de nos matos respectifs dans le coffre des voitures, il est finalement l’heure de se mettre en route. Avec rien de moins que quatre guitares, trois basses, une mandoline, un banjo, une guitare acoustique, des percussions, un didgeridoo, deux ou trois amplis et une montagne d’effets… Le ton est donné ! Ce projet sera ambitieux.
Après 1h30 de route on arrive sur place, quel temps de merde ici ! Tout à fait approprié pour enregistrer un bout de rock ! MC Soulier, le propriétaire des lieux nous attend, on s’empresse de décharger et d’installer le matos pour les prises du lendemain matin. 1h30 plus tard, les mots « home studio » prennent tout leur sens, la maison est métamorphosée. Dans la pièce principale la batterie a été montée, la régie s’est installée un peu plus loin dans une autre pièce, des câbles courent partout dans les couloirs… on finalise les patchs, l’installation des micros et des casques, et Etienne, notre ingé pour les prises sons de l’EP, crée toutes les pistes sur la base de nos pré-prods pour le lendemain.
Samedi 27 Février – Jour 1 – Prises batterie et basse
8h30 - Aujourd’hui on enregistre les batteries des quatre titres qui composeront l’EP. Le temps d’émerger, notre batteur s’installe derrière ses fûts et on commence les balances. Pour cet EP, Rémi a opté pour du costaud : Ludwig Classic “long lugs” pour les fûts, GretschUSA CoB pour la snare et Zildjian K pour les cymbales. Après deux « poum poum » et un « poum tchak », le tout sonne déjà très lourd. Le gars sait ce qu’il fait, ça promet ! Une trentaine de minutes plus tard, tout est prêt, Rémi enfile son casque, on lance la piste témoin. C’est parti pour la première track Bury Me. Après quelques minutes, Rémi se rend compte que la grosse caisse glisse ! On a pourtant pris des précautions la veille, mais le bucheron tape trop fort !
Système D, c’est un moellon bien lourd qui traînait dehors qui viendra caler la coquine. Pourtant 5 minutes plus tard, la grosse caisse continue de bouger. Le mec fait pas dans la dentelle. Système D - épisode 2, Rémi accroche carrément la grosse caisse à son siège avec des tendeurs ! Histoire de faire la chenille si ça venait encore à bouger.
Cette fois on est bon, après deux prises irréprochables, enfin c’est ce qu’on croyait, la drum pour Bury Me est dans la boîte.
14h30 - Après 2 à 3 prises en moyenne, et des parties bien coton, l’artiste boucle ses parties batteries. Efficace. C’est parti on démonte et on installe le setup basse dans la pièce principale pour profiter de la « room » naturelle.
Au menu, un bon gros baffle Orange avec un HP de 15, sur lequel on empile un autre Orange avec deux HP de 12, puis une tête d’ampli Chillbass. Après quelques tests, on décide de fermer tous les volets de la maison histoire de rester en bonne entente avec les voisins, même les plus lointains.
Etienne a installé 4 beaux micros, dont deux capteront le son de chacun des baffles, et deux autres positionnés plus loin viendront capter le son de la room. La basse passera alors par l’ampli et le pedalboard, ainsi qu’un DI pour pouvoir mixer le tout avec le son brut. Lourd !
16h – Après une mise à plat rapide de la batterie, Guirec enfile son casque et c’est parti pour le premier morceau. On avance section par section, en gérant les changements de son un par un. On est trois dans Paddang, la basse peut donc prendre beaucoup de place ! Contrairement au live où on doit souvent faire plus simple, ici on prend notre temps, on peaufine le son et les transitions de chaque section du titre.
La fatigue commence à s’installer, mais on fait beaucoup de prises, histoire d’avoir des options, mais surtout de gérer la stéréo au mixage. A peu près au ¾ de la track, on se rend compte qu’il y a un break de batterie monstrueux sur lequel on n’arrive à rien poser. C’est nouveau Rémi, c’est quoi ça ? C’était pas là avant ! Guirec se retrouve à improviser une ligne périlleuse, mais on finalise le morceau et on verra le lendemain avec des oreilles fraîches.
17h30 – On attaque un second morceau New Moon. La basse y prend presque la place d’une guitare, avec beaucoup d’arpèges et d’effets, mais c’est Guirec qui a composé l’intention de base, ça devrait aller vite.
Pas de surprises mais il se fait tard, on terminera les parties plus lourdes dimanche matin. On va tous se reposer, c’est l’heure de l’apéro, on sort les bières et le whisky ! Ce soir Cyprien, un pote à Rémi, chante à The Voice sur TF1. Ouais il nous a obligé à regarder ça un samedi soir ! Bon il s’est qualifié, c’est cool. Demain c’est prise basse et guitare, on finit le pack et on va se coucher… enfin sauf Rémi qui regardera des vidéos absurdes jusqu’à tard dans la nuit.
Dimanche 28 Février – Jour 2 – Prises basse et guitare
9h00 - Ce matin-là, on finalise New Moon, Guirec tente de nouveaux trucs, ça sonne. On fait une mise à plat et on écoute le travail d’hier, c’est cool, ça sonne déjà fort ! La matinée file et Guirec boucle les quatre morceaux de l’EP sans trop de difficultés. Quelques bonnes idées sont ressorties, on a modifié quelques lignes de basse et ajusté le son de certains passages à la volée. Cette après-midi, on va pouvoir passer aux prises guitares.
15h30 – Après avoir fait quelques mises à plat pour enregistrer plus confortablement, on installe le setup guitare. Là aussi c’est du lourd, chaque guitare aura un condensé de trois sons différents. On installe un Fender Deluxe Reverb 68 et une tête d’ampli Victory Sheriff 44 sur un gros baffle Marshall.
Le Fender sera le son wet avec tout le pedalboard de Thom, le Victory fera le son Dry avec un léger overdrive mais pas d’effet, et la DI permettra d’ajouter un son sans traitement. On jouera les deux amplis à la fois avec la DI en plus.
C’est parti pour Bury Me, la track la plus rapide à enregistrer pour la guitare. On commence par une première guitare, la principale (une Rivolta Combinata), qu’on viendra doubler et paner à gauche dans la stéréo. Puis on ré-enregistre tout le morceau différemment et avec une deuxième guitare (une Fender Telecaster custom des années 70). On double la prise et on la met à droite dans la stéréo. Finalement on enregistre une troisième guitare avec pas mal d’arrangements plus exotiques. On retombe sur le fameux break de batterie. C’est un enfer, on se creuse la tête mais on n’arrive toujours à rien poser dessus, et on est finalement peu convaincu de la ligne de basse enregistrée la veille. Finalement on a une idée, et à l’initiative d’Etienne on décide de mettre le break en valeur en dénudant tout le reste et en rajoutant un gros larsen qui vient créer un gros drop dans l’énergie. Le résultat est top, c’est un de nos passages favoris aujourd’hui, on a même décidé de le reproduire en live.
19h - Fin du premier week-end, le couvre feu nous empêche de rentrer. On passera la nuit sur place et on partira tôt le lundi matin. On se retrouve le week-end prochain pour terminer l’EP.
Samedi 6 Mars – Jour 3 – Prises guitare, mandoline et percussions
9h00 - Toujours restreint dans nos mouvements, il fait toujours pas beau, mais c’est pas grave, une grosse journée nous attend ce samedi. On doit enregistrer New Moon à la guitare. Les amplis chauffent, et on se lance. On tente de nouveaux sons et de nouveaux arrangements, qui sont assez convaincants à l’écoute.
D’ailleurs on se rend compte que la pédale d’octaver est restée enclenchée… C’était pas prévu mais ça sonne vraiment bien, on garde! Au total on enregistre 4 ou 5 pistes guitares et on passe aux deux morceaux les plus longs : Parasite et The Lion and the Witch.
On a décidé de rajouter des percussions asiatiques sur The Lion and the Witch. A défaut d’avoir ça sous la main, pendant que Thom enregistre, Rémi attrape un clavier-maître et écrit une ligne de percussion directement sur l’ordi ! On rajoutera des shakers et un tambourin plus tard à la main.
Sur Parasite, on avait eu plein d’idées, toujours avec la volonté d’apporter un côté un peu dansant et exotique pour trancher avec le motif ultra répétitif du morceau. Résultat, on a enregistré vraiment beaucoup de pistes différentes. Toujours pareil, une guitare à gauche, une autre à droite, le tout doublé. En outre, il y avait une belle Martin D28 des années 70 dans le studio et on avait en tête de doubler certaines parties à la guitare acoustique. 14h - Sur The Lion and the Witch, une fois les percussions ajoutées, on a enregistré des shakers et un tambourin avant de poser les guitares. Sur ce morceau et sur New Moon, on voulait aussi rajouter du didgeridoo en fil rouge sur les parties plus calmes, mais impossible de s’en servir le moment venu... On a fini par bricoler avec nos pédales d’effet et on a pu jouer des parties en drone avec un son assez proche. Le résultat est vraiment cool, on peut l’entendre sur l’intro de The Lion and the Witch et sur les couplets de New Moon. Sur certaines sections, on a également doublé la guitare avec une mandoline pour apporter de la texture, c’est Rémi qui s’y est collé !
19h - Après cette grosse journée, le soir on s’est calé devant OSS 117 2, Rio ne répond plus, un grand classique chez Flantier Records !
Dimanche 7 Mars – Jour 4 – Prises guitare et voix
9h00 - C’est le dernier jour, on doit enregistrer toutes les voix. L’EP prend forme, mais Thom n’a pas trop de voix ce matin. On appréhende un peu, les textes et le chant ont toujours eu une place importante dans Paddang.
Après quelques balances, Thom s’enferme dans la pièce et s’échauffe. Première prise foireuse, ça va être compliqué. Thom revient avec la bouteille de whisky, une bouteille d’eau et une tasse de thé chaud, ok on voit le genre !
La voix commence à se chauffer, et bien que ça ne soit pas comme d’habitude, Thom commence à retrouver un peu sa voix ainsi qu’un growl intéressant qu’on peut entendre sur Parasite ou The Lion and the Witch. Les visages se détendent !
14h - Toutes les voix de Thom sont enfin enregistrées, en doublant chaque prise pour que ce soit plus massif. Puis on a enregistré Guirec sur New Moon, qui est la voix lead sur ce morceau. Tout le monde chante de plus en plus, et les limites et rôles se troublent. On a ensuite enregistré les harmonies vocales de chacun : les parties de Rémi puis celles de Guirec et Thom, qui se doublent parfois à la tierce.
18h30 - Enfin, on enregistre tous en même temps dans la pièce à l’unisson pour les parties chœurs les plus musclées, en triplant et quadruplant ces prises pour un effet plus massif. C’est le moment où on lâche toute l’énergie qu’il nous reste, et ça crie fort !
19h - Ca y est, c’est terminé ! Tout le monde est au bout de sa vie : Etienne a les oreilles fatiguée, et nous plus de voix. Un bon repos nous attend ce soir avant de plier bagage le lendemain pour repartir sur Toulouse. Quelle aventure !
Reposés et impatients, nous avons reçu les mises à plat des pistes des quatre tracks. Et même sans mixage, on est très très content de ce qu’on a fait ! Nos morceaux sont maintenant entre les mains de Robin, l’acolyte d’Etienne, qui va s’occuper du mixage… À suivre