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Rockfanch

[INTERVIEW] MARTY WENT BACK

Publié le 13 Juillet 2020 par rockfanch in Interviews

Crédit photo : Franck Alix

Crédit photo : Franck Alix

Il y a deux ans, nous avions fait une interview. A l'époque vous nous aviez dit que vous recherchiez votre ami Marty. Vous avez pu avancer dans vos recherches depuis ?
* Tim (basse) : Toujours pas non ! On ne perd pas espoir, mais on t'avoue qu'à ce niveau là... On stagne un peu ! On ne désespère pas, même si l'on a pas de nouvelles. 

Quelles stratégies avez-vous mises en place pour retrouver Marty ? L'affichage ? Les annonces internet ? Un Film ?
* Tim : On avait commencé par l'affichage, ensuite on est parti sur la musique et sans oublier quelques projets en sous-marin comme on dit. A base de marionnettes et de films en plusieurs volets. 

A base de marionnettes ?
* Tim : Oui, on essaie de trouver des supports de communication qui nous parlent. Les marionnettes ça semble vraiment très intéressant pour le message que l'on veut transmettre. 
* Joe (chant, guitare) : Ça fait très longtemps que je fais de la marionnette moi. Je faisais de la compétition à Hill Valley. J'ai été vice-champion de Hill Valley ! J'avais un sketch vraiment très drôle
* Tim : Ah oui celui de la chaussette ! T'as aussi été troisième de la compétition de ventriloquie de Hill Valley.

Ça fait beaucoup de disciplines du cirque...
* Joe : Oui, mais les animaux captifs ça n'a jamais été ma passion.

Sauf le dressage d'ours
* Tim : Ça s'est imposé avec le temps à cause des circonstances.
* Joe : Mais un jour je ferai vraiment un spectacle de ventriloquie.
* Tim : Il en fait pendant les spectacles, mais vu que le micro est devant sa bouche et pas devant son ventre. Personne ne peut en profiter. 

Ça fait désormais cinq ans que vous êtes arrivés à Toulouse, vous vous plaisez ici ?  Vous n'avez pas envie de voir d'autres villes ?
* Tim : En avril dernier, on devait voir autre chose. Mais il y a un petit virus qui est arrivé et qui a dit "restez chez vous". Je ne sais pas si c'est le sort qui nous envoie un message mais on reste à la maison jusqu'à ce qu'on nous dise qu'on peut vraiment sortir. Et on essaiera de refaire des dates comme en avril. 

Vu que vous avez adopté un ours récemment, vous pourriez agrandir la ménagerie sur scène avec un pangolin qui ferait du clavier ?
* Tim : Ce n'est pas trop à la mode le pangolin en ce moment. En plus niveau animaux, Patrick il est gentil mais il prend de la place. C'est une odeur assez sauvage. 
* Joe : On a auditionné un bulldog récemment, mais bon lui... A part la salsa, ce n'était pas concluant.

1985 est votre premier album après deux EPs. Vous vouliez plus approfondir votre histoire à travers une dizaine de titres ?
* Tim : On a voulu grandir à travers cet album, devenir adultes. On a sorti le premier sur cassette, le second sur cd, la suite logique était de mettre le troisième sur vinyle. Vu qu'on voulait faire un 33 tours et pas un 45, il fallait au moins dix titres, donc on a fait dix titres. 

L'objet vinyle aide aussi pour la communication
* Tim : Oui, ça aide beaucoup, le support est important pour le message principal de notre groupe qui est le danger des voyages dans le temps. Sans oublier la perte des amis dans ce genre de voyages. Il faut faire attention et le vinyle aide à mettre en garde grâce à son support. C'est mieux pour faire de la prévention.

On peut dire que 1985 est un album engagé ?
* Tim : Absolument. On a toujours été un groupe engagé dès nos débuts. Il faut faire de la prévention autour des voyages dans le temps. On se retrouve vite coincé dans une décennie qui n'est pas la nôtre et pour laquelle on a pas les codes. Ça peut être très difficile à gérer. 

Vous avez quand même réussi à vous adapter à la décennie...
* Tim : On apprend, oui ! Mais c'est difficile, on apprend avec la manière forte. Chaque jour est une nouvelle claque.

Ça a été quoi le plus difficile pour vous pour vous adapter ?
* Tim : L'écart technologique ! On est parti en 1985, arrivés en 2015. Franchement le cap technologique est difficile à passer. Quand on découvre ce qu'est internet, c'est difficile au départ de s'habituer. On a découvert internet et tout ce que ça a pu changer dans les relations humaines. Les interactions ne se passent plus du tout de la même manière en 1985 et de nos jours. On a du s'adapter. L'amour, l'amitié, les gens qui s'expriment alors qu'ils n'ont pas forcément grand chose d'intéressant à dire. Il y a aussi la remise en question qui nous arrive de faire. Est-ce que l'on est réellement à notre place ici ? Est ce que je vais réussir à rentrer chez moi un jour ?

Vous exprimez dans Lifetime un ras le bol envers les gens qui parlent trop d'eux sur internet ?
* Tim : Ça parle des gens qui racontent tout le temps leur vie sur les réseaux sociaux et particulièrement à quatre heures du matin quand ils ont trop bu. Je pense que le lendemain, ils regrettent. C'est un truc qui se fait beaucoup, mais ça on ne le comprend pas. Peut-être qu'on le fera un jour et qu'on comprendra la démarche, mais pour l'instant on ne le comprend pas. Et ça nous a inspiré cette chanson. On voulait pas le dire personnellement aux gens que ça concerne sur Facebook, donc on a préféré le dire en chanson pour que tout le monde soit au courant de notre point de vue. 

Ça vous a tellement surpris que vous en avez fait une chanson ?
* Tim : C'est tout nouveau pour nous. On racontait pas nos vies à notre époque. Ou alors dans nos journaux intimes. Facebook ça devient le journal intime pas intime de tout le monde puisque c'est public. C'est une évolution et on essaie d'évoluer avec. De rattraper tous les trains que l'on a en retard. 

L'album s'appelle 1985 pourquoi ce titre ? Vous êtes nostalgique ?
* Tim : Le premier objectif, c'est de retrouver notre copain et de retourner chez nous. 1985, c'est l'objectif que l'on a. Sur la pochette, nous sommes en train de faire du stop avec comme destination 1985. Personne ne nous a pris, mais on ne perd pas espoir. L'objectif c'est de retourner là où nous sommes à l'aise dans un monde qui nous appartient. 

Vous pourriez nous parler des titres qui composent cet album ? Les principaux thèmes que vous avez pu développer ? On a pu parler de Lifetime qui a pour cœur les réseaux sociaux...
* Joe : Il y a les réseaux sociaux, les déceptions amoureuses, la nostalgie d'une époque révolue...
* Tim : Ce sont les grands thèmes, mais on a aussi quelques petits messages d'espoirs. 
* Joe : C'est que l'on est pas triste. Ce n'est pas un album triste. C'est nostalgique, certes, mais pas triste.

Il y a de la résignation non ? Comme sur Too Late to be your Friend ou I'm not going back ?
* Tim : Il y a toujours un moment où il faut savoir tourner la page. 
* Joe : La création et l'enregistrement de 1985, nous a permis de tourner la page de notre passé. 

Est-ce l'album de la maturité ?
* Joe : On a toujours été très très mature.
* Tim : C'est le mot qui nous défini le mieux. 

Quand vous êtes partis en 1985 de Hill Valley, vous faisiez de la musique là bas ?
* Tim : On ne faisait pas trop de musique. On buvait des bières et on faisait du skateboard. On avait pas mal de copains. T'avais Joe les Deux Pouces, Mitch la Frange, Sam la Béquille aussi. Il y avait un genou qu'il ne pouvait pas plier et il faisait du skate comme ça. 
* Joe : Il allait vite même si c'était comme s'il avait une pagaie à la place de la jambe.
* Tim : Le soir il s'amusait à essayer de se faire flasher par un radar. Il allait jusque 88 miles à l'heure.
* Joe : Non, 33.
* Tim : 88, c'est autre chose. Je me rappelle plus ce que c'était...

Vous écoutiez quoi comme musique à Hill Valley ?
* Joe : On écoutait Jimmy Sommerville, ça venait de sortir. 
* Tim : On ne faisait pas trop attention, on s'échangeait beaucoup de cassettes entre copains. On avait aussi un ghettoblaster. 

Une des grandes influences de Marty Went Back, c'est Nirvana. Mais c'est sorti après 1985. Vous avez découvert le groupe comment ?
* Joe : De tout ce que l'on a écouté, quand on a fait le rattrapage des musiques, c'est Nirvana qui nous a le plus intéressé. Les Pixies aussi.

D'ailleurs en parlant des Pixies, ils font souvent des chansons courtes... Comme vous !
* Joe : On ne va pas se mentir, on n'arrive pas à les faire plus longues.
* Tim : Quand c'est trop long, on a mal aux doigts.
* Joe : ... Et on ne sait plus quoi dire ! Il faut que ce soit clair et efficace. 

Pour les compositions ça se passe comment ? D'abord le texte ou la musique ?
* Tim : Il n'y pas de recette prédéfinie. Parfois c'est le texte, parfois la musique. Ça dépend. 
* Joe : Des fois on a juste la musique et pas grand chose à raconter, mais il y a toujours quelque chose qui sort. 

Il y a un thème récurent, que l'on retrouve sur vos trois disques, ce sont les réseaux sociaux. C'est ce qui vous a le plus interpellé en arrivant en 2015 ?
* Tim : C'est le changement principal. Internet a tout changé dans la manière d'interagir entre les gens. On avait pas ça nous, on essaie de se l'approprier et on apprend tous les jours sur les réseaux sociaux à comment s'en servir. 
* Joe : Nous étions assez maladroit au début, maintenant on arrive à mieux gérer. 

C'est toi qui écrit les textes Joe ?
* Joe : Ça dépend lesquels. C'est moitié moitié sur ce point-là. 

Quand vous écrivez vos textes, c'est quoi l'objectif principal ? Raconter une histoire ? Faire de la poésie ?
* Tim : C'est surtout délivrer un message et raconter des histoires simples.

Vous chantez en anglais en France pour faire prendre conscience aux gens des dangers du voyage dans le temps. Vous n'avez pas peur que les gens ne comprennent pas le message ?
* Tim : On explique quand même. Pendant les concerts, on essaie de faire de la pédagogie entre les morceaux. Ça nous arrive aussi d'expliquer notre aventure aux gens qui viennent nous voir après le concert. Mais les gens apprennent pendant le concert et nous aussi on apprend à chaque concert à mieux parler français. 

Tim parle français, mais toi pas vraiment Joe. Tu prends des cours ?
* Joe : Petit à petit je m'améliore quand même. Ce n'est pas encore fluide mais ça vient. Je préfère m'exprimer à travers mes chansons. 
* Tim : C'est sa guitare qui parle pour lui. 

Vous êtes trois membres dans Marty Went Back maintenant. Joe à la guitare, Tim à la basse et Patrick à la batterie. Vous avez rencontré ce dernier dans les Pyrénées... Mais comment vous avez découvert qu'il jouait de la batterie ?
* Tim : On ne lui a pas laissé le choix. On était à une soirée, il y avait une batterie, on l'a mis derrière et on lui a dit de taper. C'est l'instinct animal.
* Joe : Il a un jeu totalement bestial. 
* Tim : Il a fait la bagarre avec nous, il fait la bagarre avec la batterie maintenant. Ça le défoule et après on est plus embêté par Patrick parce qu'il dort bien la nuit. 

Vous allez faire comment pour tourner avec lui l'hiver ? C'est un ours il va devoir hiverner...
* Tim : On va lui donner des cachets, les médecins font des merveilles maintenant ! On va trouver des substituts. 

Comment est née la pochette de 1985, où on vous voit faire du stop ?
* Tim : C'est un moment pris sur l'instant. On ne savait même pas que l'on était pris en photo. On voulait juste rentrer chez nous et Franck Alix passait par là. Il nous a pris en photo et ensuite il nous les a envoyé. On a dit merci et ensuite c'est né comme ça. 

Bientôt vous allez jouer près d'un autre animal, un minotaure je crois.
* TIm : Oui c'est vrai. On va jouer deux soirs les 17 et 18 juillet aux Halles de la Machine. Il y a une araignée, un minotaure et pleins d'autres animaux. Ça va être une chouette expérience. 

Particularité de l'enregistrement, il est fait sans Patrick à la batterie.
* Tim : C'est un ordinateur, comme les concerts quand on a commencé. Mais pour le prochain album, il y aura Patrick derrière la batterie. 

Vous pensez déjà au prochain album ?
* Tim : Ouais... Même à celui d'après celui d'après !
* Joe : On en a cinq d'avance.
* Tim : On aime jouer aux échecs, alors on a pas mal de coups d'avance.

Ça n'a pas été trop difficile de passer d'un ordinateur à Patrick ?
* Tim : Non au contraire. Déjà Patrick il n'a pas de bouton, ni de chargeur. Pas besoin d'appuyer sur un bouton, il part tout seul. Il ne s'arrête jamais, c'est ça qui est bien. 

C'est Christophe Calastreng qui a enregistré l'album, pourquoi l'avoir choisi pour vous aider ?
* Tim : Mika nous a aidé à produire l'album et il nous a mis en relation avec Christophe donc on a fait ça avec Christophe.
* Joe : Il nous connaissait un peu après avoir fait plusieurs fois le son pour nous, il sait comment on travaille. D'ailleurs c'est lui qui fera le son à la Machine. 
* Tim : On lui fait confiance, il met les gens à l'aise donc c'est très facile de travailler avec lui. C'était une évidence.

Pour composer 1985, quelles ont été vos influences principales ? Elles ont évoluées depuis notre dernière interview ?
* Tim : Je dirais Nirvana, les Pixies, Weezer, Oasis, Black Lips et Fidlar. Plutôt les années 90 et le grunge. Et un peu la britpop avec Oasis notamment (What's the Story) Morning Glory où il y a une vraie histoire aussi de l'album. Les mecs se sont foutus sur la gueule pendant tout l'enregistrement quand tu lis les anecdotes. T'as l'impression que l'album ils n'allaient jamais le finir. Pourtant c'est incroyable de cohésion. 
* Joe : Je serais plus Blur et Gorillaz. Ils m'ont plus influencé. 

Un peu de punk aussi ?
* Tim : Un peu oui. Je suis très fan de Blink 182, mais je ne suis pas sûr que ça se ressente dans l'album. On cherche l'efficacité. 
* Joe : J'aime bien les mélodies qui sont énergiques. Un mélange un peu grunge, un peu sale mais avec des mélodies. 

Vous avez été très actifs pendant le confinement avec pas mal de clips réalisés de l'album fait maison. Vous vouliez continuer votre "odyssée" pendant le confinement ?
* Joe : On devait être en tournée pendant ce moment-là. On a été un peu frustré de pas la faire, donc il nous fallait un palliatif à tout ça. On a trouvé ça à distance, ça nous faisait marrer. 
* Tim : Ça nous a occupé aussi mine de rien. C'était aussi une manière de révéler l'album sans faire de release party. Ça a été annulé au Chanpagne mais on a réussi à la faire en ligne. 
* Joe : Avec les dates annulées, on a trouvé ça pour sortir l'album. C'est pas mal aussi de faire un petit clip à chaque fois pour dévoiler les titres. 
* Tim : Ça permet aussi de toucher les logiciels de montage aussi. Avant, on faisait des découpages avec du bois et on collait. Maintenant on fait pareil mais avec des images sur l'ordinateur. 

Ça rappelle le punk le côté do it yourself
* Tim : Entre autres oui. Ça coûte vraiment rien de le faire seul. 

Le meilleur concert de Marty Went Back ?
* Tim : Je pense que c'était au Chanpagne. 
* Joe : Premier concert avec Patrick aussi... Le concert de Noel aussi ! Tous les concerts au Chanpagne étaient bien en fait.

Le pire concert ?
* Tim : Bordeaux ? Ou Axis Musique ? Il n'y avait personne dans le public... A part les musiciens. C'est très bien ce que fait Christophe mais c'est difficile là où il est situé.

Le meilleur concert que vous ayez vu d'autres groupes ?
* Tim : La Colonie de Vacances, Oh Sees...
* Joe : Jane's Addiction, Les Hives au Bikini. 

Un scoop pour Rockfanch ?
* Tim : J'ai acheté un synthé pour la suite de Marty Went Back !

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