Pourquoi ce nom de Primary pour cet EP ?
* Marion (chant-guitare) : On reste dans la thématique des couleurs. Les couleurs primaires. C'est assez simple. C'est notre premier "vrai" EP, avant c'était un EP Live. Ca nous semblait assez logique de garder le même vocabulaire, d'être dans la continuité de ce que l'on a entrepris avant avec un champ lexical commun aux deux EP. Et puis Primary ça évoque aussi le premier. Alors ça collait bien.
Comment vous avez enregistré Primary ?
* Marion : On l'a enregistré chez Thomas Juvé au Studio de l'Alimentation. On a pu enregistrer les quatre titres de l'EP grâce à une collecte que l'on a créé sur Ulule. On connaissait Thomas puisqu'on avait déjà travaillé avec lui sur les lives. Comme ça c'était très bien passé avec lui, on s'est dit qu'on allait continuer le travail et franchement en studio ça a été un régal de travailler avec lui. D'ailleurs, je vais le dire dès maintenant, on travaille déjà sur un second EP avec lui. Il aura une couleur différente du précédent, puisqu'on a un nouveau guitariste, Damien. Il est arrivé brillamment dans le groupe. Sa première date avec Synesya s'est faite sur le tremplin du Lot Amplifié, que l'on a gagné. C'est avec ce dispositif, Lot Amplifié, que l'on a désormais un accompagnement artistique et un soutien financier.
Comment s'est déroulé ce passage au tremplin du Lot Amplifié ?
* Tom : C'était un peu particulier. On avait passé la demie finale et on était qualifié pour la finale. On avait travaillé un set de 45 minutes, il y avait huit ou neuf morceaux. Damien est arrivé la veille du concert puisque notre ancien guitariste est parti du groupe la veille du tremplin. On avait un concert de prévu la veille du tremplin. Ce concert a été annulé et on a fait une gigantesque jam session pour rattraper le coup. Damien est apparu pour nous proposer son aide et nous dire qu'il était prêt à venir avec nous pour faire ce tremplin. On a plié le matériel le soir et on a répété tous les trois dès neuf heures du matin le lendemain. On a répété et on a pris la route à fond la caisse pour le Lot. Avec cette configuration particulière, on a expliqué ce qu'il se passait au micro et on a tenu 30 minutes au lieu de 45.
* Damien (guitare) : On a joué une seule fois les morceaux avant le tremplin... J'ai écouté les titres, on les a joués et après on est parti.
* Marion : On les a travaillé sans relâche en acoustique, même en mangeant ! Jusqu'au dernier moment. On avait rien à perdre et c'est peut-être ça a qui a payé vu que l'on était à fond. Il y avait une super énergie. Les gens ont super bien réagi.
* Tom : Au final, Damien a assuré. Parce que sur la demie-heure du set, on a du se planter une fois ! Et encore c'est nous qui l'avons remarqué, les spectateurs n'avaient pas calculé.
L'accompagnement Lot Amplifié, en quoi va t-il consister ?
* Marion : C'est surtout un accompagnement financier. Il y a plusieurs associations concernées par le dispositif qui permettent de te créer un réseau. Ca va nous permettre dans les mois qui arrivent d'accéder à des jolies premières parties dans le Lot. On devrait jouer d'ailleurs prochainement aux Docks de Cahors pour une première partie avec une jolie tête d'affiche. Il y a une enveloppe budgétaire assez conséquente tout de même pour nous accompagner. On a beaucoup d'envies et de projets pour Synesya et on a fait un peu notre liste de Noël. Ce que l'on veut faire c'est réenregistrer un EP, refaire un clip, etc. Après ils nous allouent un budget suivant bien sûr les subventions qu'ils vont toucher ou pas.
L'an dernier, on a fait une interview à peu près à la même époque. Vos influences principales étaient The Do, PJ Harvey et les Arctic Monkeys. Ca a évolué depuis ?
* Tom : On peut rajouter Aurora maintenant. C'est une artiste qui se rapproche de notre univers. Mais ça risque aussi d'évoluer au niveau des influences. Vu que j'ai l'habitude de jouer avec Damien au sein des Sailors at Sea, d'autres influences vont arriver inexorablement. On essaie de garder une couleur Synesya.
Une couleur pop...
* Tom : Avant on se définissait comme indie-folk, maintenant on a pris du recul sur ce qu'on fait. Après on ne va pas se mentir, c'est difficile de mettre sa propre musique dans des cases. On définit Synesya comme néo-soul pop. On trouve que c'est ce qui colle le mieux actuellement.
Comment vous vous êtes rendu compte que vous ne faisiez plus de l'indie-folk mais plutôt de la neo-soul pop ?
* Tom : C'est le son qu'on a envie d'avoir et désormais le son de Synesya est plus électrique. Le folk ça ramène quand même à l'acoustique quoi qu'on en pense tu vois.
* Marion : Après on garde tout de même une patte acoustique. Mais on insère de nouveaux sons dans notre musique, avec un pad électronique par exemple. On rajoute désormais des samples dans notre musique, ce qu'on ne faisait pas avant.
Plus électronique ?
* Tom : On a pas envie de devenir un groupe électro...
* Marion : ... Mais on rajoute des bidouilles électroniques dans nos titres pour en faire notre propre son.
* Tom : C'est plus du sound design que de l'électro. Plus des ambiances électroniques pour rendre le titre plus harmonieux.
Là ce que je vous propose c'est de faire un titre à titre des quatre morceaux de Primary ?
* Marion : Dans chacun des titres, il y a un monde onirique et beaucoup de métaphores. C'est la base de mon écriture. Pour Grey Fog, je parle de quelqu'un qui a la tête dans les nuages mais qui n'a plu les pieds sur Terre. On lui demande alors d'avoir les pieds sur Terre mais il n'a pas envie alors il se révolte contre ça. Ensuite c'est Wepping Wellow, c'est la plus difficile à décrire. C'est une chanson un peu triste, des émotions en vrac. Il y a des jeux de mots entre ce qu'on garde en soit et ce que l'on rejette à l'extérieur. Flamingo, dont on vient de sortir le clip, parle d'une personne qui vit encore entre ses rêves et la réalité. C'est mon grand terrain d'écriture. Cette barrière fine entre le fait de vouloir rester un enfant et la violence de la vie qui te rattrape toujours. Comment tu fais pour tolérer ça ? Flamingo parle du rêve mais aussi des cauchemars qui rattrapent le personnage. Toujours dans la dualité. Pattern, enfin, est plus contemplatif. Il y a peu de textes, c'est plus des chœurs. On est plus dans la sensation du son que dans le texte. C'est quelques phrases qui évoquent ce qui traverse les âges, ta vie quand tu étais enfant ou ce que tu récupères de tes ancêtres, la transmission entre les générations.
* Damien : Moi je dois avouer que pour le moment, n'ayant pas composé les morceaux... Je ne fais que les interpréter.
Comment tu les interprètes alors Damien ?
* Damien : A ma manière ! Même si je respecte totalement ce que Nico a composé... J'ai quand même mon propre son. L'équipement que j'ai pour Synesya, c'est le même que pour les Sailors alors forcément ça ne sonne pas pareil au niveau du son. J'essaie aussi d'amener quelques idées pour gonfler un peu certaines choses dans les titres.
C'est peut-être pour ça que le groupe tend à s'électrifier ?
* Tom : Il y a une énergie totalement différente que celle des débuts ! Ca y contribue c'est sûr.
Pourquoi avoir choisi le titre Flamingo comme clip ?
* Tom : C'est le titre avec lequel on pense toucher le plus de gens. Il a cette touche groove mais en même temps avec des paroles assez joyeuses même si ça parle d'une dualité. C'était le morceau fort de Primary.
* Marion : Il y a un gimmick aussi qui s'attrape facilement dans ce titre.
Comment avez-vous créé le clip ?
* Marion : En deux étapes. On a d'abord créé un décor que l'on voulait volontairement enfantin. Avec du papier, des masques...
* Tom : On a galéré ! Mais on a été beaucoup aidé par Anais, Audrey et Dimitri.
* Marion : Le challenge était énorme. On était six et on a fait un tournage en une soirée tout en ayant tout préparé en amont les soirs précédents. On a joué avec ce qui existait comme contexte. Chez Tom, il y a une sorte d'arche un peu comme un théâtre. On s'est dit que ce serait intéressant ce côté petit théâtre avec des marionnettes. Il y a des scènes qui illustrent les propos du texte. On a enregistré tout en ralenti et on a accéléré derrière pour donner un côté pantin.
* Tom : Ca donne un effet pour jouer avec le temps aussi !
* Marion : C'est ça... Il y a aussi des changements de décors. Tout a été filmé en un plan séquence. C'était du one shot, c'est pour ça que c'était difficile. Aucune coupure. C'était un gros défi. Et le second temps du clip, c'est Dimitri Sourzac qui nous a aidé. Il travaille dans le cinéma et il nous a implanté la scène dans un décor onirique qui vient compléter le propos. Il a utilisé un moteur de jeux vidéos. On a confronter deux techniques opposées. Une technique très do it yourself où on a découpé des papiers et une technique ultra moderne de cinéma. Parce que le cinéma utilise de plus en plus les moteurs de jeux vidéos. Ce moteur permet de poser les éléments du décors et de construire l'ensemble des différentes scènes qui complètent le propos du le clip. Tu rajoutes ce que tu veux comme décor, végétation, etc. Dimitri a créé une animation spécialement pour le clip aussi. Le texte parle d'un monde assez froid au départ mais qui se réchauffe durant la chanson. Dans le clip de Flamingo, la neige fond et disparaît. Rien que ça, ça a été une vraie galère à programmer. On a passé plus de temps sur la post prod que sur le tournage en lui même.
* Tom : C'est pour ça qu'on tient vraiment à remercier Dimitri. Sans oublier Anaïs et Audrey qui nous ont aidés pour les décors. Et les gens qui nous ont prêtés du matériel comme Axis Musique et les lumières, le Festival Rrrr nous a prêté des déguisements...
* Marion : Les Ludotines qui nous a prêté un décor jungle de fou !
* Tom : La Magie d'Auria nous a aussi fait des attrapes-rêves et des décors. Et on remercie tous les gens qui ont contribué sur Ulule bien sûr.
* Marion : Ce clip a été totalement autoproduit. On a fait avec nos moyens.
Est-ce que vous pensez à un décor pour la scène ?
* Tom : Avec l'accompagnement que l'on reçoit, on y pense très sérieusement maintenant. Pour 2020, on aura des décors. On ne dit rien, mais des choses vont arriver. On en avait parlé la dernière fois pendant ton interview. L'idée c'était d'allier visuel et musique. C'est ce qu'il va se passer petit à petit.
Vous avez des dates à annoncer ?
* Marion : On a deux dates dans le Lot les 11 et 12 octobre. La première à Martel dans un superbe petit bar, Au Coin de la Rue et le lendemain au Moulin de Souffron à Savignac-de-Miremont.
* Tom : On prépare aussi des passages en radio... Delirium City sur Radio Fmr. Pour 2020, des choses vont se mettre en place.
Vous avez un scoop pour moi ?
* Tom : On part sur un nouvel EP avec que des compositions que l'on aura faites avec Marion et Damien. On partirait aussi peut être sur quelque chose de plus volumineux, quatre morceaux ça va vite.
* Marion : A la base ça devait être trois titres, mais vu qu'on a eu un peu plus d'argent avec Ulule, on en a fait quatre.
* Tom : Aussi, on va partir bientôt en tournage avec un autre réalisateur que Dimitri sur un des titres de l'EP. Des images vont arriver prochainement !