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Rockfanch

[INTERVIEW] RIVER INTO LAKE

Publié le 1 Octobre 2019 par rockfanch in Interviews

[INTERVIEW] RIVER INTO LAKE

Peux-tu nous expliquer la genèse de River Into Lake ?
C’est la continuité de mon projet V.O. qui existait depuis 2000 et que j’essayais de développer entre mes divers collaborations. Après une longue pause je me suis dit qu’il était temps de refaire un disque et que c’était bien de remettre les compteurs à zéro avec un nouveau nom et une nouvelle direction musicale.

Qui sont les musiciens qui composent le groupe? 
Les membres du groupe sont essentiellement les membres de la dernière formation de V.O. À part Aurélie Muller qui a quitté le projet après l’enregistrement, on retrouve Cédric Castus à la guitare, Frédéric Renaux à la basse et au synthé, Ludovic Bouteligier aux synthés et Franck Baya à la batterie. C’est aussi l’histoire d’une longue amitié entre Cédric, Fred et moi, nous jouons ensemble depuis notre adolescence.

Pourquoi ce nom? 
À l’époque du dernier album de V.O., On Rapids, je voulais déjà changer le nom ou trouver une autre signification pour ces deux lettres que Version Originale. Ce nom datait de début 2000 et je ne m’y retrouvais plus. Et puis il a fallu se plier aux lois des moteurs de recherches et ce n’était plus possible ou très difficile de nous trouver.
Après avoir cherché des années, et essayé des combinaisons improbables, j’ai décidé de laisser tomber définitivement ce nom et profiter de l’occasion d’un nouveau disque comme nouveau départ. River into Lake s’est imposé assez rapidement car j’aimais bien l’image qu’il porte: une petite chose qui vient nourrir une plus grande. Et c’est aussi un hommage à Raymondo, groupe indé bruxellois dont Cédric, aurélie et moi faisions partie, c’est le titre du dernier album avant qu’on arrête.

Comment pourrais-tu décrire ta musique ?
De manière générale, j’essaie de mélanger la pop avec une musique cinématographique voire expérimentale.Je viens de plein d’horizons différents: de la pop, du post-rock, du jazz, je fais aussi bcp de musiques de spectacles de danse ou de films et toutes ces influences se retrouvent dans le disque.
Il est fort coloré de synthétiseurs, c’était un parti pris, je ne voulais plus trop construire mes morceaux autour de la guitare. Il y en a encore mais elles sont plus en soutien.
Il y a des moments très rythmés comme dans Devil’s Hand, de longs moments instrumentaux électroniques qui peuvent rappeler des ambiances de films des années 80 et des passages où il n’y a quasi qu’un quatuor à cordes.

Est-ce que tu as des inspirations autres que musicales pour composer ta musique ?
Je dirais que ma principale inspiration c’est ce que je vis, je vois ou j’entends au quotidien. Je suis devenu papa un peu avant de commencer à écrire et ça m’a beaucoup marqué, J’ai vraiment pris conscience de beaucoup de chose et ça m’a questionné sur la place qu’on occupe. Mais aussi il y a tout le contexte politique et  environnemental qui nous entoure. J’ai commencé à écrire au moment des attentats, de l’élection de Trump, de la montée de l’extrême droite un peu partout en Europe, des vagues de migrants, des gilets jaunes… tous ces thèmes sont présents dans le disque. Il n’est que le reflet de mon ressenti par rapport à tout ça et c’est sans doute pour cela qu’il est si dense. 
Mes inspirations proviennent aussi de gens comme David Lynch ou Chris Marker e.a. Le premier car il me donne foi dans le fait de me libérer dans la création, de lui laisser libre cours, au risque de me perdre, mais c’est quelques chose qui est vraiment vital pour moi. Et Chris Marker car je l’ai découvert il y a plus ou moins 8-9 ans, j’ai vu tous ces films lors d’une rétrospective à Bruxelles et je ne sais pas pourquoi mais son travail me bouleverse, et son approche de l’image du montage est quelque chose auquel je repense souvent pendant l’écriture. C’est tellement poétique et en même temps pertinent.

 

[INTERVIEW] RIVER INTO LAKE

Pourquoi ce nom de Let The Beast Out pour ton album ?
Au départ c’est l’image du disque, réalisée par David Delruelle, qui a été le déclencheur. Elle a été mon fond d’écran pendant quasi toute la création.  Pour moi elle fait directement référence aux autorités religieuses qui utilisent leurs pouvoirs pour contrôler les masses et dicter une certaine façon de vivre selon leurs conceptions des religions. Mais ils nous ont éloignés de leur essence même. Et ce concept de laisser sortir la bête c’est un peu le fait de se délester de ces milliers d’années de formatage pour justement retrouver la base, les racines du message. L’album est clairement une ode à la vie, à l’univers mais dans lequel rien n’est jamais serein.
Après, le concept de laisser sortir la bête vient aussi du fait de m’assumer en tant que leader, de me mettre au devant de la scène ainsi que de m’affranchir de mes peurs, de ma colère pour pouvoir continuer à avancer.

Donne nous trois bonnes raisons d’écouter ton album ?
La première c’est que je pense que dans le paysage belge actuel on est assez unique donc rien que pour ça, il faut au moins jeter un coup d’oreille sur le disque.
Deuxièmement il a été fait avec beaucoup d’amour même si par moment ce n’était pas facile, il y a beaucoup de sincérité dans ce disque.
La troisième, c’est que si comme moi vous aimez autant Pink Floyd que The Cure, Ennio Morricone ou la B.O. de Dune, ce disque devrait vous plaire. En gros c’est le disque d’un quarantenaire qui s’est fait plaisir.

Comment es-tu arrivé sur le label Humpty Dumpty Records ? Pourquoi avoir sélectionné ce label ?
Ça s’est passé au moment de On Rapids, nous étions sur le label bruxellois Matamore qui avait décidé de mettre la clé sous le paillasson et je devais trouver quelqu’un pour sortir le disque. Christophe d’Humpty Dumpty était proche de la bande, il nous connaissait assez bien donc ça s’est mis naturellement. Je cherchais aussi quelqu’un qui me laisserait une liberté de création et je savais que ce serait le cas avec lui.

 

Quel est ton meilleur souvenir de scène ?
C’est en 2009 quand nous étions à Tucson avec Françoiz Breut. Nous participions à un festival d’échange avec la ville de Nantes et nous avons fait deux concerts. Déjà le fait d’être là bas était très fort, c’était ma première fois aux Etats-Unis mais surtout c’est que notre backing band n’était autre que Calexico avec qui nous avions répété pendant une semaine dans leur studio afin de mettre le set en place. J’avoue que j’ai un peu mouillé mon slip.

Le pire ?
Le premier qui me vient c’est un concert au Magasin 4, une salle punk, rock alternatif… assez culte à Bruxelles. Nous jouions pour une soirée caritative avec le groupe Zophopop et un gars devant moi me lançait des pièces de monnaie dans le tronche et d’autres nous sifflaient pendant qu’on essayait de jouer un morceau de Petula Clark. C’était puissant.

Un scoop pour Rockfanch ?
Les français sont quand même sympas même s’ils ont gagné la coupe du monde de football. Sinon on prépare déjà un EP pour le printemps.

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