Prenons la DeLorean pour remonter en début d'année 2019, c'est là qu'un tout nouveau festival fait son apparition du côté de la Creuse : la Check In Party. Quelques noms y sont annoncés : Oh Sees, Lysistrata, Psychotic Monks, la Colonie de Vacances ou encore Jeanne Added et Patti Smith. Intéressant... Et puis une seconde annonce suffit à convaincre d'y aller finalement. Foals se rajoute, depuis le temps que je voulais les revoir... On coche sur notre calendrier ce tout nouveau festival qui a lieu fin août dans la Creuse !
Retour en ce mois d'août 2019. Vaillants, nous partons à cinq dans une voiture qui ... Tombe en panne après une heure de route. Soit. Ce n'est pas ça qui va nous arrêter. Au final, on arrive un peu plus tard que l'heure prévue mais on arrive sur place tout de même, et c'est là l'important. On découvre le site de l'Aérodrome de Saint-Laurent-de-Guéret, qui sera notre maison pendant deux jours. Centrale la piste fait la jonction entre le site du festival et le camping. Le parking est situé juste à côté. Quel bonheur de ne pas devoir se taper 40 minutes de marche sous la chaleur avec tout son barda...
Assez parlé de nous, on attaque la partie musicale. Et quel entrée ! Lysistrata pour commencer les débats, c'est du lourd. Live ultra furieux du trio math rock de Saintes. Le groupe débute avec The Thread, titre éponyme de son premier album. Leur son est brut, ultra calé, c'est un bonheur. Le public ne s'y trompe pas et bouge dans tous les sens, formant un véritable mur de poussière devant la scène. La poussière, il faudra d'ailleurs s'y habituer puisqu'elle sera notre compagne de route pendant deux jours... En tout cas, les Lysistrata font une prestation XXL qui se termine par leur nouveau single, Mourn et un Sugar & Anxiety d'anthologie.
On bouge quelques minutes devant la grande scène (Wall of Sound Stage) prise d'assaut par le collectif américano-lemondeentier Gogol Bordello. Le groupe gypsy punk, qui fête ses vingt ans, a comme d'habitude la grosse patate et je reconnais de loin les titres les plus connus comme Wonderlust King ou Immigrant Punk. Le concert est suivi de loin, puisque l'on a rendez vous avec un autre projet fou : La Colonie de Vacances. On ne présente plus ce projet qui rassemble quatre des meilleurs groupes français de noise/mathrock : Pneu, Marvin, Electric Electric et Papier Tigre. On se place au centre des quatre scènes et c'est la branlée, forcément. Le temps d'aller chercher de quoi se restaurer pour ma part, il faut changer de scène. Pas grave pour la Colo, on ira les revoir demain...
Place sur la Air Force Stage à The Psychotic Monks. Leur live de juin 2018 à Toulouse fut une claque mémorable et j'écoute leur album, Private Meaning First, en boucle depuis le printemps. C'est peu dire si j'attends de les revoir ! Le quatuor arrive sur scène et ... merde ça pète pas du tout. Le groupe joue la plupart des titres présents sur Private Meaning First avec It's Gone, Isolation, A Coherent Apparence... Le quatuor vit sacrément son live sur scène, une prestation très noisy avec lancement de guitares, gros larsens, etc. Mais dans le public on a comme qui dirait un vrai problème de son. Ca semble moins brutal qu'à Toulouse, même si c'est vraiment top de les avoir vu, on reste un poil sur notre faim à cause du son... Mais bon, ils repasseront à Toulouse bientôt, espérons.
Sur la scène Wall of Sound, c'est la tête d'affiche du jour qui va entrer sur scène : Foals. Les Britanniques menés par le remuant Yannis Philippakis font une prestation XXL et justifient leur grade de headliner. Le set mixe tous les albums du groupe et c'est que l'on voit la grande richesse du combo d'Oxford entre math-pop, rock indé, post-rock et moments bien bourrins. Il y a eu les dansants et bondissants In Degrees, My Number, Two Steps Twice, Olympic Airways; les surpuissants Inhaler, What Went Down (quel titre en live, bordel !), Black Bull et le moment de grâce de Spanish Sahara (qui reste à coup sûr dans mon top cinq de titres préférés!)... Bordel quelle claque !
Vu qu'on en a pas assez, il nous reste deux concerts à voir du côté de la Spitfire Stage. Premier concert, les belges de It It Anita. Vus en avril dernier au Labo des Arts de Toulouse (excellente salle au passage, allez y !) où le groupe a fait une grosse prestation, je voulais les revoir. Souhait exaucé. Le live noisy du quatuor démonte. Le son est vraiment top et le groupe cartonne. Le batteur du groupe, un musclor belge incroyable techniquement parlant, déménage même son kit dans le public pour frapper comme un sourd au milieu de tout le monde !
Après une telle décharge de son, il nous faut bien un duo féminin, Oktober Lieber, pour apporter de la douceur. Et bah même pas ! Puisque le duo techno fait une prestation martiale, puissante et parfaite pour terminer la soirée.
Seconde journée du côté de la Check in Party... Après avoir eu froid toute la nuit, on se réveille dans une tente qui ressemble à un four. Les joies de la Creuse ! Une petite baignade dans un lac, une crêpe dans le centre ville de Guéret et c'est reparti pour un tour ! Ce sont les Nord-Irlandais de Touts qui ouvrent cette troisième journée de festival. Sur la Spitfire, le (très) jeune trio arrive à 17h15 pile. Ca sonne très punk californien... Je n'accroche pas vraiment. Choisissons plutôt de nous placer sur la Air Force Stage pour voir les Bodega. Quintet New Yorkais, le groupe est formé d'un classique chant-guitare, guitare solo, basse ainsi que d'une chanteuse qui joue aussi du charleston et d'une percussionniste totalement habitée qui nous fait penser aux percussionnistes des galères Vikings. Blague à part, ce live fut l'un des bons moments de cette Check In, sans nul doute. On pense aux LCD Soundsystem avec ce mélange entre post-punk et électro. Ca lance bien la soirée.
Alors que de la grande scène s'échappent les mélopées orientalopop de Altin Gün (j'ai pas le courage d'y aller là...), c'est un collectif barré qui prend place sur la scène Spitfire, j'ai nommé Crack Cloud. Menés par le chanteur-batteur Zack Choy, le groupe balance un post-punk barré et qui nous chauffe pas mal pour se préparer à aller voir les Oh Sees. Mais d'abord petit détour par le concert de Deerhunter, qui joue aussi dans la cour du post-punk, mais là c'est les patrons, ça joue proprement avec des coups de boutoirs bien noisy. Mais il est temps d'aller se placer pour Oh Sees.
Le seul contact que j'ai eu avec les Oh Sees jusqu'ici, c'est leur concert de la Route du Rock, entendu assez parfaitement de là où habite l'un de mes frères. Autant dire que je m'attends à en prendre plein la tronche niveau son. On retrouve le groupe à faire sa balance et à échanger des amabilités avec les Deerhunter, mais no problem, les deux se connaissent bien. C'est à 20h40 que John Dwyer prend d'assaut la scène accompagné de deux batteurs, d'un clavier et d'un bassiste. Superbe claque que ce concert ! On sent que le groupe fait parti des groupes clés du garage-rock-psyché. Ca joue fort mais bien. On mange pas mal de poussières pendant ce live dévastateur qui restera dans les mémoires. Tellement heureux de les revoir dans une dizaine de jours au Bikini !
Après cette bonne claque, on retourne en prendre une autre avec la Colonie de Vacances. Mieux placés qu'hier, on arrive à profiter pleinement du set. Ca danse, ça pogote, ça slamme, ambiance de folie entre les quatre scènes. Quatrième fois que je vois la Colo, et là c'était la meilleure des quatre. Concert qui se terminera par un joyeux Wall of Death... Magnifique !
Petit détour par le concert des Belges de Balthazar sur la Wall of Sound, qui fait un set pop lumineux mais qui pff... Enfin après deux gros concerts comme Oh Sees et la Colo, j'ai du mal à me mettre dedans. Petit détour alors par le merchandising. Bon clairement, il y a peu de groupes qui ont laissés du merch durant les deux jours du festival. Petit déception pour mon coeur de rockeur, mais gros bonheur pour le compte en banque. Le concert des Belges se termine après un tour par le camping pour déposer les affiches géantes du festival, distribuées gratuitement, et on passe par la case Black Midi.
Alors Black Midi, j'étais curieux de voir ce que ça donnait une seconde fois en live. Après les avoir vu en décembre 2017 à Paris avec Shame où j'en gardais un bon souvenir. Le quatuor britannique vient défendre Schlagenheim, son premier opus sorti au début de cet été. Un album qui comporte quelques bons morceaux comme 953 qui débute le set. J'aime ce titre, mais c'est sacrément brouillon sur scène. Le cerveau reçoit quand même trop d'informations sur ce concert. Ca bourrine de partout, ça part dans tous les sens... Même si je trouve l'album intéressant, j'avoue que ce live est assez indigeste. Le Math-rock il faut être prêt mentalement quand même.
Black Midi est aussi le dernier groupe de rock à fouler la scène, puisque c'est l'électro qui aura la part belle pour terminer le festival. On aurait peut-être pris une dose de rock supplémentaire. Si visuellement les sets de The Blaze et Etienne De Crécy (Space Echo) sont magnifiques, ils sont aussi assez mous... Et ça fini de m'achever pour finir par déclarer forfait pendant le milieu du set d'un des patrons de la French Touch, Etienne de Crécy.
Pour ma part j'ai vécu deux superbes journées du côté de la Creuse avec plusieurs groupes qui m'ont mis une claque monumentale comme Lysistrata, Bodega, It It Anita, La Colonie de Vacances, Foals ou encore Oh Sees. Le vendredi soir restera comme l'une des meilleures journées de festival que j'ai jamais vécu ! Le samedi était un peu plus pop et m'intéressait moins, mais la prestation d'Oh Sees valait à elle seul de venir... Tout comme l'ambiance qui était sympa, l'organisation vraiment top pour une première, la circulation fluide entre les scènes et puis surtout SURTOUT il avait les meilleurs compagnons de festival du monde avec moi ! Et l'an prochain on cochera les dates de la Check In Party, parce que c'était merveilleux !