Il est 18h15. Nous sommes le vendredi 2 août 2019. Le festival Au Pont du Rock s'ouvre avec Layonz, le vainqueur du tremplin. Layonz, c'est un groupe de rap formé par deux frères originaires de La Réunion, Tiben et Benka. Dans leur tâche ils sont accompagnés par deux beatmakers, Tutu et Ghost. Le son du groupe est plutôt efficace sur scène, et le quatuor assure une bonne prestation malgré un public très clairsemé devant la scène Dragon. Ça bouge bien sur scène, les deux frangins sont énergiques et balancent des gros lyrics pendant que derrière ça assure niveau son. Bonne mise en jambe.
Ensuite, je ne vais pas vous cacher que je vivote et fait des allers-retours un peu partout. Suite aux Layonz, deux artistes reggae : Vanupié et Jahneration suivi de Bénabar. Les deux premiers font des prestations plutôt correcte si on ne reste pas plus de dix minutes devant. Bénabar, lui, est très énergique mais ça ne passe toujours pas entre lui et moi.
Les choses sérieuses débutent dans le festival avec Le Bal des Enragés. Le collectif fête d'ailleurs ses dix ans là où il a vu le jour. Parce que oui le Bal des Enragés a été mis en service lors des vingt ans du Pont du Rock en 2009. Désormais devenu un des incontournables des concerts et des festivals, cette colonie de vacances du punk-metal français rassemble une quinzaine de musiciens venus de toute la scène alternative française. On y retrouve des membres de Tagada Jones, Parabellum, Punish Yourself, Black Bomb A, Lofofora, No One is Innocent ou encore Loudblast. Bref, la crème de la crème.
L'introduction du set se fait avec Salut à Toi des Bérurier Noir où chaque membre du Bal entre un par un sur scène en chantant (hurlant ?) un couplet avant de prendre son poste. Plutôt sympa comme entrée en matière ! La suite du set passe à cent à l'heure sans aucun temps mort avec des reprises de gros tubes rock US en majorité avec Lonely Boy des Black Keys, I Love Rock 'n' Roll de Joan Jett, Territorial Pissings de Nirvana, Roots Bloody Roots de Sepultura. Cependant les britanniques ne sont pas en reste avec Helter Skelter des Beatles ou Ace of Spades de Mötörhead ! Ça s'éclate autant sur scène que dans le public et ça fait sacrément plaisir à voir. Le Bal des Enragés se termine sur deux titres en français avec Antisocial de Trust et Vive le Feu des Bérurier Noir. On prend tellement une claque, qu'on aurait bien voulu du rab' du Bal.. Mais c'est aussi le jeu des festivals !
Suite à la claque du Bal des Enragés, changement de style avec Georgio. Le rappeur originaire de Seine-Saint-Denis a su progressivement s'imposer comme un des rappeurs les plus intéressants sur la scène française. Venu à Malestroit dans le cadre de sa tournée XX5, c'est l'un des artistes que j'attends le plus. Et il n'aura fallu que quelques titres pour me convaincre que j'ai eu raison de l'attendre de pied ferme. Remonté à 200 %, Georgio occupe la scène de long en large avec son backer Sanka. Derrière eux un batteur et un beatmaker en soutien pour assurer le (gros) son. Le titre Brûle est joué très rapidement dans le set et Georgio fait progressivement monter l'ambiance jusqu'à ses deux derniers titres : Appel à La Révolte et J'en Sais Rien. Deux bombes en live. Ultra remuant du début à la fin, Georgio termine son concert dans le public puis en haut de la régie.
Après la bombe d'énergie Georgio, il nous reste un peu d'énergie pour reprendre une claque avec La Ruda. Originaires d'Angers, le groupe se reforme pour une tournée en cette année 2019. Le Pont du Rock étant créé sur le monde du rock alternatif, il était logique d'y voir ce groupe, un des piliers du ska punk des années 2000. La prestation est là aussi ultra énergique et très très puissante avec guitares dans tous les sens et cuivres. Dans la fosse, ça slamme, ça pogote, pas de doute, le rock n'est pas mort ! Jolie surprise aussi.
Ce samedi s'ouvre avec Big Spring, remplaçants de Black Peaks. Les britanniques assurent une belle prestation devant un public déjà nombreux, on est devant un groupe au son bien lourd qui nous fait voyager entre grunge et touches de neo. Des influences étonnamment étatsuniennes pour un groupe anglais ! Assurément un groupe à suivre pour les fans de gros son surtout sur les très bons titres que sont Coming Down ou New Wave.
Place ensuite, sur la scène Grenouille, aux Delgres. Le trio est formé par le chanteur-guitariste Pascal Danaé , le batteur Baptiste Brondy et un sousaphone joué par Rafgee. Cet instrument est une sorte de tuba XXL qui fait office de basse dans le groupe. Venus pour défendre leur premier album, Mo Jodi, Delgres joue un blues rock puissant et viscéral chanté en créole. Le set met vraiment une petite claque avec des moments forts comme Mo Jodi, Mr Président ou encore une reprise du Whole Lotta Love des Led Zeppelin.
Ah Clara... La douce et belle Clara. Dire qu'elle est attendue de pied ferme à Malestroit n'est pas un euphémisme tant le public est amassé devant la scène Dragon. C'est à 20h10 pile que retentit Sainte-Victoire titre éponyme de son album qui fait office de bande son d'introduction. Quatre musiciens (batterie, basse, claviers et guitare) accompagnent Clara Luciani sur scène. C'est à On ne Meurt Pas d'Amour d'ouvrir le tour de chant de la Marseillaise. Rapidement, elle met le public dans sa poche et répond même d'un baiser à une demande en mariage sur une pancarte en carton. Signalons qu'il était écrit sur le verso "Clara Épouses-Moi" et sur le verso "Eddy, j'aime ta b...". Le romantisme est de sortie ce soir. La Marseillaise égraine les titres de son album Sainte-Victoire avec des ambiances plus rock et musclées que sur album comme sur Nue ou l'hypnotisant La Baie, adaptation brillante du titre The Bay de Metronomy. Bien sûr, ce set se termine par le titre que tout le monde attend et reprend en chœur : La Grenade et sa ligne de basse démentielle.
Eddy de Pretto prend la suite de Charlie Winston (dont j'aurai entendu de loin Like a Hobo). Clairement si tu es fan de lui, passe directement au texte d'en dessous sur Mass Hysteria parce que tu vas peut-être avoir un peu mal à ton coeur de chaton en lisant ce que j'ai pensé de sa prestation. Pour commencer, bonne nouvelle, il n'est plus seul sur scène avec son batteur. Un machiniste fait son apparition en fond de scène. En mode Kraftwerk avec des murs de câbles de deux mètres de haut. C'est plus impressionnant qu'autre chose puisque clairement je ne vois aucune différence au niveau son avec son live vu au Bikini l'an passé. Gros coup de coeur, par contre, pour le très beau carré lumineux qui se balade autour de l'artiste. Ça accroche le regard, c'est plutôt joli et surtout c'est bienvenu.... Parce que la prestation molle d'Eddy de Pretto sur scène fait rapidement décrocher du concert. Fatigué le garçon ? Possible. Surtout quand on répète environ vingt fois "Pontorock" au lieu de Pont du Rock, un peu malaisant... Après le public autour a l'air ravi et chante en chœur les titres phares de l'artiste : Kid qui ouvre ce set, Random ou encore Fête de Trop qui clôture ce set. Je dois être trop vieux pour apprécier.
Place ensuite aux furieux Mass Hysteria. Depuis des années sur scène à tourner, le groupe mené par Mouss s'impose comme le doudou du metal français. Parce que oui, les Mass ça a quelque chose de toujours rassurant et ils sont toujours là quand on a besoin d'eux. Au Pont du Rock a eu besoin d'eux pour palier l'annulation de Good Charlotte, aucune hésitation du côté du quintet (groupe le plus souvent programmé au festival) qui a écourté ses vacances pour se produire à Malestroit. On espère juste que les fans d'Eddy de Pretto se sont mouillés la nuque avant d'assister au concert parce que là ça secoue sévèrement. Le set est rageur et puissant. Comme d'habitude Mouss s'impose comme un sacré frontmen et fait défiler avec les quatre autres membres pas mal d'anciens titres comme Positif à Bloc, Contradictions ou Donnez-Vous La Peine qui affichent chacun vingt ans au compteur ou pas loin ! On retrouve aussi les plus récents Chiens de la Casse, L'Enfer des Dieux ou encore Plus que du Metal durant lequel Mouss fait s'enchaîner plusieurs Wall of Death. Il y aura même un joyeux anniversaire de chanté (le second après celui du Bal des Enragés) avant de terminer sur l'indispensable Furia. Prestation montrueuse.
Pour terminer ce festival, je regarde attentivement la magnifique prestation de The Blaze. Les deux cousins, font un live absolument incroyable visuellement parlant. Sortant d'une pyramide après plusieurs minutes de Mapping, le duo se tient debout enchaînant entre bidouillages sonores et chant pour présenter son album Territory. Vous ne connaissez, je ne suis pas un grand fan d'électro. Mais là, autant musicalement que scéniquement, c'est quand même la grosse claque. A découvrir absolument en live.
Ce fut encore une édition mémorable, celle des 30 ans. Edition qui a vu le festival battre son record de fréquentation avec près de 23 000 spectateurs. L'affiche était sacrément à la hauteur et j'ai juste envie de dire merci aux organisateurs et aux bénévoles pour ce festival qui est définitivement mon préféré du monde entier. Je suis certain que tu as encore pas mal d'éditions à rajouter à ton compteur et crois-moi, on se reverra l'an prochain !