Comment s'est créé Ninxy ?
* Rémy (batterie) : Avec Maya et Louis-Nicolas, on se connaissait déjà depuis pas mal de temps puisqu'on joue ensemble dans un groupe baptisé The Actual Groove en parallèle de Ninxy. L'envie de créer ce groupe est né d'une volonté commune de faire une autre musique que le jazz moderne que l'on interprète dans The Actual Groove. On bosse souvent en trio pour la section rythmique de l'autre groupe, alors on a évolué jusqu'à vouloir créer un projet de jazz électro.
Pourquoi ce nom de Ninxy ?
* Rémy : En fait j'avais une composition nommée Ninxy, mais avec une autre orthographe que celle du groupe. Pendant une répétition, on a eu un délire autour du nom que l'on répétait plusieurs fois à la suite. Finalement on l'a gardé puisqu'on trouvait la sonorité chouette mais le nom en lui même ne veut pas dire grand chose.
Pourquoi cette formation en parallèle de The Actual Groove ?
* Louis-Nicolas (basse) : C'était pour explorer les musiques électroniques. Le groupe Nerve nous a beaucoup inspiré. Il fonctionne en trio basse-batterie-claviers, ce qui est la formation idéale pour explorer ces musiques-là. Il n'y a pas besoin de cuivres, ça fait du monde en moins. La guitare ça aurait pu aussi, mais ce trio-là c'était intéressant sous beaucoup d'aspect pour nous.
Vous explorez les musiques électroniques, mais sans trop d'effets électroniques...
* Louis-Nicolas : C'est le parti pris de Ninxy d'adapter un répertoire de musique électronique et d'arriver à un résultat proche voire similaire mais avec nos propres moyens de musiciens.
Est-ce que vous avez du adapter vos instruments à votre nouveau style ?
* Louis-Nicolas : Complètement ! A la basse, j'utilise beaucoup de pédales d'effets pour me rapproche le plus possible des synthétiseurs. Mon pedalboard est rooté comme un synthétiseur analogique pour pouvoir reproduire ces sonorités-là.
Tu utilises un capodastre aussi sur scène ?
* Louis-Nicolas : Non, ce n'est pas un capodastre. C'est un objet pour muter les cordes pour éviter les résonances. Certains effets sont capricieux et ça me permet de mieux les contrôler. Par exemple, ça permet de supprimer les résonances sur les autres cordes. Maintenant parlez de vos instruments Maya et Rémy.
* Maya (claviers) : Au niveau de la façon de jouer, ça n'a rien à voir, je ne joue pas réellement de piano. Au sein de Ninxy, je fais plus des combinaisons de sons avec mes mains en gardant tel ou tel son en mettant en charge une autre ambiance avec un autre synthé. Il y beaucoup de travail avec les synthés et de mise en place d'éléments sur scène. C'est surtout comment gérer mes deux mains pour jouer quatre trucs différents en même temps.
Puisqu'il n'y a pas de samples au sein de Ninxy ?
* Maya : Non ! On va peut-être en intégrer.
* Louis-Nicolas : C'est vrai que le projet à la base, c'était vraiment d'adapter la musique électronique pour les instruments et tout faire live. Sans boucle, ni séquence, ni looper.
Il y a peut-être la volonté aussi de pouvoir improviser en concert.
* Louis-Nicolas : C'est complètement ça, oui. Mais avant je vais laisser Rémy parler de son adaptation instrumentale à la batterie.
* Rémy : Par rapport à la batterie, il y a deux intérêts. D'abord de trouver les sons acoustiques qui vont se rapprocher le plus des sons électroniques que l'on pourrait émettre avec un ordinateur ou une boite à rythmes. Mais il y a aussi le côté sur lequel je me penche beaucoup en ce moment : le côté Trigger, des capteurs que je place sur mes peaux. Pour le moment, il y a ma grosse caisse et ma caisse claire qui sont équipées et grâce à quoi je peux combiner le son électronique avec un son acoustique déjà présélectionné. Et j'ai aussi un pad puisque je suis équipé d'un SPDSX dont je me sers pas mal et sur lequel il y a des sons électroniques. Je combine les deux, mais je dois avouer que je me tourne de plus en plus vers les sons électroniques.
Quand je vous ai vu jouer à l'Obohem, j'ai vu que tu jouais avec trois caisses claires. C'est particulier comme dispositif de batterie.
* Rémy : C'est un choix esthétique étant donné que dans la musique électronique, il y a des sons de toms pour certains breaks. Mais la plupart du temps, c'est quand même des sons de caisses claires pour tout ce qui est afterbeat ou crossrim. Pour les parties jungle au sein de Ninxy, j'ai une petite caisse claire à gauche qui est dédiée à ce style parce qu'elle est timbrée. Après je m'y retrouve bien avec mes caisses claires, je n'ai pas l'impression d'être à nu sans les toms.
Je suppose que vous écoutez tous des choses différentes, mais quels sont les artistes sur lesquels vous vous retrouvez ?
* Rémy : Comme disait Louis-Nicolas, il y a Nerve qui nous a beaucoup inspiré pour créer Ninxy, dans leur manière de jouer. Notamment certains sets où ils passent 45 minutes à improviser puis ensuite ils font des compositions reprises de leurs albums. On aime aussi les sons qu'ils ont, la cohésion de leur groupe. On les a vu deux fois en live et ils nous inspirent énormément. On écoute aussi beaucoup de musiques électroniques produite par des dj's. Là on pourrait citer Monty. Nos écoutes marchent beaucoup par label. Je pense au label 1985 dont Monty fait parti et sur lequel il y a beaucoup d'artistes qui nous intéressent. En groupe, je ne sais pas si vous avez d'autres exemples...
* Louis-Nicolas : Il n'y a pas beaucoup d'artistes qui se sont attelés à ce travail. On puise plus l'inspiration chez les producteurs. C'est plus la scène britannique qui nous inspire, avec ce trip de musiques électroniques qui comporte des instruments. Je pense à un groupe que j'écoute qui s'appelle Submotion Orchestra, un groupe dubstep-jazz totalement instrumental. Il y a Peng Shui aussi, un groupe de Grime composé d'un rappeur, d'une basse et d'une batterie. Ça sonne assez velue mais avec des instruments.
Vous êtes sur des terres inexplorées finalement...
* Rémy : C'est le but ! A travers Ninxy, on veut se mettre à l'épreuve en tentant de reproduire tout ça, en profitant de cette musique, en la jouant avec des instruments.
Si vous deviez décrire votre style en trois mots ?
* Louis-Nicolas : Je dirais jungle, drum'n'bass, techno.
Votre EP Bakemono vient de sortir, mais juste avant vous avez sorti un quatre titres intitulé The Remix Sessions, qui est un EP où vous reprenez quatre artistes. Pourquoi avoir choisi ces quatre artistes-là ?
* Maya : Ce sont des artistes que l'on a écouté et sur lesquels on a travaillé en répétitions pour s'imprégner du style. Il y a deux ans, on faisait beaucoup de reprises tout en ajoutant notre touche personnelle au morceau à chaque fois. On a fait The Remix Sessions pour ça, garder une trace physique de ce que l'on a pu travailler à un moment de Ninxy. Les quatre artistes que l'on a sélectionné sont différents et représentent bien notre travail.
Comment on passe du travail de reprises à celui de la composition ?
* Rémy : C'est passé par un travail important de relevé de musiques drum 'n' bass, style dans lequel on n'a aucun morceau dans The Remix Sessions. Aussi, c'est un travail de relevé de concept et de sonorité de certains morceaux qui nous ont plu. Soit en improvisant durant des lives, soit en créant des compositions. Ça fait moins d'un an que l'on créé notre propre musique, en se basant sur des structures que l'on a pu assimiler avec le temps.
Vos compositions partent de quoi en général ? La basse, la batterie, le clavier ?
* Louis-Nicolas : Ça peut partir des trois. Généralement on improvise, et si l'un d'entre nous fait quelque chose d'intéressant, on récupère sa partie et on commence à travailler autour. On peut aussi avoir une bonne idée en même temps, ce qui arrive assez souvent, et on développe cette partie tous ensemble. On s'enregistre en jammant, on se réécoute après et si jamais quelque chose nous plait, on structure le tout pour en faire un morceau. C'est le procédé de composition général.
Il n'y a pas de chant dans Ninxy, ce serait possible un jour de voir apparaître une voix sur votre musique ?
* Louis-Nicolas : Sur l'EP Bakemono, on a invité Frederika au chant. A la base on avait décidé de faire un morceau vocal sur l'EP et de créer la musique pour poser la voix dessus. Le procédé de composition a un peu changé vu qu'on savait que le chant allait se poser en plus sur la musique. C'est quelque chose que l'on fait déjà de poser des voix sur notre musique et ça change notre travail de composition. Ce n'est pas le même procédé. Pour le moment, je ne pense pas que l'on va intégrer une chanteuse à temps plein au sein du groupe. Notre musique est plutôt instrumentale, avec des samples de voix mais pas de chant. Je pense que pour le moment, on va rester dans cette configuration instrumentale.
Pourquoi le nom Bakemono pour cet EP ?
* Maya : Le nom Bakemono vient en grande partie des masques japonais qui nous ont aidé à tourner le clip du morceau éponyme. Moi je suis à moitié japonaise et j'ai retrouvé les masques chez moi, ma mère les ayant récupérés quelque part. Bakemono en japonais signifie monstre ou créature, et on trouvait que ça sonnait vraiment bien pour un nom d'EP.
C'est venu tout de suite l'idée du masque japonais pour illustrer le clip ?
* Maya : C'était un peu un hasard. Je me souvenais que ma mère en avait quelque part et en les sortant, ça a forcément évoqué quelque chose. Il y en avait trois, un féminin et deux masculins. C'était tout de même un beau hasard et surtout une belle occasion de les utiliser pour un clip. On a tous imaginé le clip dans nos têtes et rapidement on s'est rendu compte que tout ça allait bien avec notre musique.
* Louis-Nicolas : Visuellement les masques et les kimonos du clip créent un univers très parlant. Ça permet aussi à l'auditeur de se détacher des musiciens. Tu te concentres plus sur la musique vu qu'il n'y a pas de visage à observer. Pour moi, c'est beaucoup plus immersif de ne pas voir les visages des artistes quand tu écoutes de la musique ou quand tu regardes un clip.
Les gens vont être déçus de ne pas vous voir avec vos masques en concert...
* Maya : On nous l'a dit plusieurs fois ! Ce sont de vieux masques en bois, ils ne sont pas du tout confortables. On ne peut pas jouer avec. On réfléchit à jouer avec quelque chose, mais on n'a pas encore trouvé.
Peut-être des projections en fond de scène ?
* Rémy : C'est un aspect que l'on a envie de développer. Surtout si c'est pour jouer dans des festivals ou sur des scènes plus grandes. Il y a un nombre important de groupes qui utilisent la vidéo ou la lumière durant les concerts. De ce point de vue là, il y a énormément de choses à faire. Surtout sur de la musique instrumentale comme la nôtre. C'est un paramètre sur lequel il faudra travailler à l'avenir.
Dernière question, est-ce que vous avez un scoop ?
* Louis-Nicolas : On repart très rapidement en studio pour enregistrer un deuxième voire un troisième EP. Et le tout va sortir en mai !