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Rockfanch

[INTERVIEW] KARKARA

Publié le 28 Février 2019 par rockfanch

[INTERVIEW] KARKARA

Comment a été créé Karkara ?
* Hugo (basse) : Avec Karim, on s'est rencontré sur la pelouse de la fac du Mirail. Je jouais avec ma basse acoustique et lui avec sa guitare acoustique.  Après cette rencontre, on a monté un groupe ensemble qui s'appelait Halazoun. C'était totalement différent de Karkara, à l'époque on était sept ou huit et on faisait du funk-soul. Les groupes avec beaucoup de personne comme ça, c'est toujours compliqué. Un des membres est parti en Angleterre, un autre à Paris, etc. Forcément, le groupe a splitté, mais le noyau guitare-basse-batterie est resté. A la fin de chaque concert d'Halazoun, on avait l'habitude de faire de la trance pour s'amuser et il y avait un public qui venait pour ça. On a appelé ce projet Halazoun Tribe et on a continué. En changeant de nom et en partant sur du rock psychédélique.
* Karim (chant-guitare-didjeridoo) : On a expérimenté pour s'amuser. Partir dans des délires tribe ou rock. Sur scène, le public était chaud alors on s'est dit qu'il fallait continuer. Surtout que nous ça nous plaisait aussi. C'est comme ça qu'on a fondé le Karkara Tribe Experience pour voir ce que l'on pouvait expérimenter. On a eu petit à petit un certain nombre de nouvelles compositions et de nouvelles influences. Le rock psyché notamment mais aussi les influences orientales avec un côté tribe.
* Hugo : Le son du groupe a beaucoup évolué depuis les débuts. On était très porté sur la trance au début puis on a ajouté la patte orientale / psychédélique et moi ça m'a totalement plu. On s'est plus dirigés là dedans parce qu'on sentait qu'il y avait beaucoup plus de choses à faire. Le noyau de Karkara pour moi, c'est cette base psychédélique / orientale mais avec des phases tribales et trance. 

Comment êtes-vous passés du funk au rock psyché / stoner... Le lien n'est pas évident ?
* Karim : Je pense qu'à la base on avait déjà toutes les influences en nous. Le psyché, le stoner, le heavy-rock c'est des styles que j'ai toujours écouté. Au bout d'un moment, je pense que tous les trois on a voulu expérimenter d'autres musiques. C'est comme ça que Karkara est né. On a voulu mettre des choses plus viscérales dans notre son. Le côté funk-soul, on se disait qu'on s'était bien amusés avec, mais qu'il fallait qu'on mette quelque chose de plus personnel dans notre musique. 

De beaucoup plus sombre aussi, non ?
* Karim : C'est le côté oriental ça ! Les gammes présentes dans la musique orientale font que ça donne un effet beaucoup plus sombre à notre son. 

 

Dans la musique funk, il y a quelque chose de plus joyeux dans le son...
* Karim : Plus lumineux !
* Hugo : Avant je ne faisais que du funk, j'ai appris comme ça. J'avais aussi fait quelques reprises de rock, bien sûr, pour apprendre.  Mais je n'avais jamais expérimenté dans le rock. Encore moins dans le psychédélisme et cet espèce de truc qui s'élargit et part dans tous les sens. J'ai découvert les gammes orientales au même moment et j'ai trouvé que ça s'y collait carrément bien. Je me suis rendu compte que c'était ça que je voulais faire et on est partis là-dedans. Le son de Karkara s'est forgé au fur et à mesure. Il y a eu ce côté tribe d'abord puis après on a rajouté les gammes orientales et enfin le côté rock psychédélique. 
* Karim : On a beaucoup expérimenté au sein de Karkara et à chaque fois qu'on trouvait quelque chose de cool, on l'ajoutait. Progressivement, on a créé un noyau qui rassemble tribe, psyché et oriental. C'est la base musicale de Karkara. 

Karkara, ça signifie quoi ?
* Karim : Karkara vient du dialecte tunisien et signifie deux choses : d'abord, ça veut dire des gens qui se traînent, qui sont à la bourre, qui sont têtes en l'air. Mais Karkara désigne aussi une vallée qui se trouve entre le Kazakhstan et le Kirghizistan où notre batteur Max est parti en voyage. Après si tu nous poses la question de pourquoi ce choix de nom, c'est parce que, quand on a commencé à jouer ensemble avec Halazoun, on avait tout le temps l'habitude d'oublier des choses. On a souvent été appelés parce qu'on oubliait des instruments par exemple. On était toujours à la bourre pour les répétitions.
* Hugo : Tu avais un surnom aussi, Karkur. C'est un diminutif familier de Karkara. 
* Karim : On trouvait ça sympa comme nom alors on l'a gardé. 

Une question spécifiquement pour toi, Karim. Tu as d'abord appris la guitare ou le didjeridoo ?
* Karim : D'abord la guitare !  J'ai dû commencer la guitare vers onze - douze ans, et j'ai appris le didjeridoo par la suite (il y a six ans).

C'est totalement improbable quand même de voir un didjeridoo dans un groupe de rock. Personnellement c'est la première fois que j'en vois un ! C'était naturel pour vous d'inclure cet instrument dans Karkara ?
* Karim : Au début, je n'avais pas forcément fait l'association entre la guitare et le didjeridoo. Ensuite, je me suis dis que ça se tentait et que c'était un instrument comme un autre. Au final, j'ai commencé à jouer de la guitare et à souffler dans mon didjeridoo et je me suis rendu compte que ça marchait très bien. Ce mélange entre les deux instruments donnait vraiment une atmosphère, un bourdon constant dans la musique de Karkara, qui rajoutait une patte psychédélique. 
* Hugo : C'est un mélange d'instruments qui reste totalement atypique et qui se marie super bien avec la basse.
* Karim : On ne voit pas souvent de groupes avec des didjeridoos sur scène. C'est un instrument réservé soit aux one man band comme Senor Markusen ou aux groupes de trance...

Ou aux blocus à la fac du Mirail !
* Karim : Exactement ! Blague à part, je trouve ça vraiment dommage. Le didjeridoo est l'un des instruments les plus vieux du monde et il est sous exploité dans le milieu du rock psyché... Mais pas que, puisqu'il pourrait se marier avec beaucoup d'autres genres musicaux je pense. 
* Hugo : C'est un instrument qui est à la fois rythmique et harmonique. Il peut suivre la basse et la batterie sans problème.

En plus, sur le créneau psyché-stoner, le didjeridoo rajoute une puissance...
* Hugo : Le didjeridoo fonctionne comme la basse. Cette dernière fonctionne, pour moi, comme un liant entre la section rythmique et la section harmonique, tout comme le didjeridoo. Tu as ce son ambiant et puissant qui suit la basse et qui peut aussi se caler sur le rythme de la batterie.

Ce n'est pas trop difficile de jouer de la guitare, du didjeridoo et en plus d'avoir les pieds sur les pédales d'effets ?
* Karim : Ça s'apprend et surtout ça se travaille ! C'est comme tout. Chanter et jouer de la guitare en même temps je trouvais ça vraiment difficile au début. On galère, on essaie beaucoup, on expérimente et puis au bout d'un moment un déclic se fait et on y arrive. 

Sur scène, ça reste impressionnant de te voir faire autant de choses en même temps...
* Karim : Je ne trouve pas ça plus impressionnant qu'un batteur qui arrive à dissocier les parties de son corps pour jouer. Ça parait dingue parce qu'on n'est pas habitué à le voir. Au final c'est juste une question de travail, comme pour n'importe quel musicien.

 

On va attaquer un chapitre un peu long maintenant : quelles sont les influences musicales de Karkara ?
* Karim : On a des influences tellement multiples...
* Hugo : Comme je l'ai souligné précédemment, moi je viens du funk. J'ai dû me calmer là dessus : lors des débuts de Karkara, je faisais ma basse de funk ! Mes influences étaient des artistes comme Herbie Hancock, Victor Wooten ou Marcus Miller. C'est surtout Karim qui m'a appris à écouter du psyché ou du stoner. 
* Karim : Dans nos influences, on a beaucoup de musique orientale forcément. C'est la musique qui a bercé mon enfance vu que je viens de Tunisie. Pour le côté psyché, les groupes qui m'inspirent le plus sont Earthless, Colour Haze, Ouzo Bazooka (qui fait justement du rock psyché oriental) et King Gizzard.
* Hugo : Quand j'ai découvert King Gizzard c'était incroyable ! C'est mon groupe de rock psychédélique préféré. 
* Karim : Il y a aussi Lofti Bouchnak, un musicien tunisien qui fait de la musique orientale. Je tire pas mal mes influences de son jeu, des gammes qu'il joue. Au final, les influences sont très vastes. Max, par exemple, écoute de la musique turque, indienne ou iranienne. Moi j'écoute beaucoup de musique turque et il y a Hugo qui a des influences funk et trance. On prend les sons de partout.

C'est assez improbable d'avoir beaucoup d'influences qui viennent de la world music et de faire du rock psyché.
* Karim : C'est vrai !
* Hugo : On a pris ce qui nous paraissait le mieux pour Karkara. On a accumulé des influences et on les a assemblées dans notre musique. Au début la batterie était musique du monde, la guitare rock et la basse funk. On est parti sur la trance puis le rock est arrivé par dessus. Tout ça a formé un bloc. 
* Karim : On a pour point commun d'être fans de rock aussi. On s'est retrouvé là dessus, alors on est parti là dedans. On adore le rock psyché, le stoner, le garage. On a tous lié nos influences vers un point convergent qui était ce style musical. 

Est ce que les gammes orientales nécessitent un accordage particulier ?
* Karim : Non pas forcément. 
* Hugo : Parfois on s'accorde en Ré. Autrement, c'est juste la manière de jouer les gammes qui diffèrent. Il n'y a pas d'accordage spécial. 
* Karim : Si on rajoute du didjeridoo, c'est en fonction du didjeridoo vu qu'il n'y a qu'une seule note fondamentale. On module en fonction de ça. Pour l'instant le didjeridoo est en Mi mais quand on en rajoutera d'autres, on devra s'adapter. 

Avec le didjeridoo, il y a aussi des influences d'Océanie dans votre musique ?
* Hugo : C'est plus une influence rythmique. Avant qu'on se rencontre avec Karim, j'aimais beaucoup le didjeridoo et j'avais appris à en jouer. Je me suis rendu compte qu'il en jouait et j'ai trouvé ça excellent parce que ce n'est pas commun. C'est rare de trouver quelqu'un qui maîtrise son didjeridoo et qui ne l'a pas juste en déco chez lui. On voulait incorporer le didjeridoo quand on a terminé Halazoun car il y a ce côté rythmique qu'on trouvait bien. 
* Karim : J'ai écouté de la musique traditionnelle aborigène d'Australie. Je trouve que c'est quelque chose de très spécifique à la culture locale. Je trouve que c'est un peu malvenu de jouer des thèmes aborigènes car c'est vraiment leur musique ancestrale. J'utilise leur instrument différemment, je ne souhaite pas reproduire ce qu'ils ont fait. 

[INTERVIEW] KARKARA

Comment sont composés les titres au sein de Karkara ? Ça part d'un riff ? D'un rythme ?
* Karim : Ça part d'un riff généralement. Comme une brique élémentaire.
* Hugo : Un riff de basse ou de guitare. Souvent quand on commence une répétition, on s'échauffe. C'est arrivé plein de fois que quand l'un d'entre nous propose un riff, on commence à jammer dessus pendant dix minutes et après on se dit que c'était bien, donc on retravaille le titre plus sérieusement après. On revient aussi assez régulièrement sur d'anciens riffs. Comme un titre qui sera sur le prochain album, qui est en fait un ancien riff qui ne nous allait pas il y a quelques temps. On l'a repris, modifié et finalement il sera sur l'album. Quand on n' y arrive pas, on passe à autre chose ou alors on complète un squelette que l'on a déjà. Au bout d'un moment, ça vient !

Comment vous décidez de la répartition des titres entre Karkara et Karkara Tribe Experience ?
* Karim : Ça se fait tout seul. On sait que tel ou tel titre ce sera Karkara ou Karkara Tribe. Ça part automatiquement dans un sens ou dans l'autre sans que l'on réfléchisse. Actuellement on sait que tout ce que l'on compose c'est Karkara.
* Hugo : En ce moment, on est dans une ambiance plutôt psyché. Les titres que l'on compose ont tous une cohérence quand on les écoute. Dès que ça sort de cette ambiance-là, on le sent direct et on met le titre de côté. 

Vous avez déjà sorti des titres avec des sessions enregistrées au Studio des Cerisiers... Seront-ils présents sur le LP ?
* Karim : Oui les deux titres seront sur l'album. Vu qu'on adore proposer des choses et partager notre musique, on s'est dit que ce serait une idée intéressante de faire une live session pour montrer à notre public ce qu'est notre son à un moment précis, sans se dire qu'il faut d'abord enregistrer l'album puis faire des vidéos pour le promouvoir. 
* Hugo : Cela faisait un moment aussi que l'on n'avait pas envoyé du gros contenu. Alors on avait envie de marquer le coup et de se faire plaisir. C'est toujours cool de vivre une expérience de live session. 

D'autres titres vont être mis en ligne pour cette session ?
* Karim : Non il n'y en a que deux. Ils seront sur l'album où il y aura six ou sept titre pour une durée de 50 - 55 minutes. 

C'est toi qui les écrit les paroles Karim ?
* Karim : C'est un mix entre Max et moi. Max fait les choeurs. On se met d'accord sur un sujet, une ambiance et chacun fait sa partie. 

Qu'est ce qu'il y a comme thèmes que vous traitez chez Karkara ?
* Karim : C'est varié et métaphorique. On essaie de laisser l'interprétation au public. On laisse les gens se faire leur propre opinion quand ils lisent ou qu'ils écoutent les paroles. 
* Hugo : Même si tu sais très bien ce que ça veut dire !
* Karim : Nous on le sait, mais on laisse les gens faire leur propre interprétation.  

C'est le cœur du rock psyché de faire des paroles ouvertes pour laisser l'interprétation aux gens... 
* Karim : Totalement ! 

Que le groupe fasse de la musique qu'il partage avec le public et pas qu'il en fasse juste pour lui.
* Karim : C'est cette recherche là. C'est comme toutes les formes d'arts, l'art a beaucoup d'interprétations selon les gens qui voient ou qui écoutent. Pour les paroles je pense que c'est la même chose. Il faut toujours laisser cette ouverture.

Est-ce que dans Karkara vous avez des influences autres que musicales ?
* Hugo : Indirectement oui. On nous a souvent dit que notre musique faisait penser à un film de Tarantino. Selon l'interprétation, les titres peuvent raconter une histoire et peut-être paraître comme un film sous-jacent. 

Le noir et blanc sur vos clips, le côté trance et le côté psyché... Vous ne trouvez pas qu'il y a une certaine dualité dans Karkara ?
* Karim :  C'est vrai qu'on peut le voir comme ça. Moi je dirai que c'est plus une fusion dans notre musique, un point de convergence plutôt qu'une dualité au sens d’opposition. L'univers du rock psyché a vraiment un coté trance et l'inverse est également vrai. Les rythmiques de kraut par exemple n'ont franchement rien à envier aux beats de la musique Goa ou psytrance. Il y a un coté tribal et planant dans ces deux univers qui peuvent paraître opposés, mais qui ne le sont finalement pas tant que ça. Pour l’esthétique noir et blanc, c’est un parti pris qu'on a voulu adopter dans la live session pour donner ce coté épuré à l'image, laisser place aux formes et aux ombres plutôt qu'aux couleurs.

Vous avez un scoop pour moi ?
* Karim : Le prochain album s’appellera Crystal Gazer.

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