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Rockfanch

[INTERVIEW] YUGAL - Décembre 2018

Publié le 20 Décembre 2018 par rockfanch in Interviews

[INTERVIEW] YUGAL - Décembre 2018

Comment est né Yugal ?
* Guillaume (chant) : Yugal a été créé quand nous avions dix-sept piges environ. Au départ, c'était surtout des reprises. Puis on en eu marre alors on a commencé à composer. Le groupe en tant que tel est né en 2010 avec notre première démo From Pain to Pleasure. Ensuite on a fait nos premiers concerts, notamment avec Sivis qui joue ce soir avec nous.
* Adrien (basse) : A l'époque, on ne s'appelait pas encore Yugal d'ailleurs. On faisait des reprises de Sepultura, Machine Head, Metallica... Surtout du thrash, de la bonne musique !
* Guillaume : Après From Pain to Pleasure, on a sorti deux autres EP : Illusion of Time et Enter the Madness ainsi qu'un LP baptisé Chaos & Harmony qui aura deux ans en janvier prochain. On a aussi changé de line-up puisque Alban nous a rejoint à la guitare et Adrien est passé à la basse.

Comment s'est fait la transition entre votre ancien groupe de reprises et Yugal ?
* Guillaume : Naturellement puisqu'on en avait marre de faire des reprises, on voulait faire notre propre son. 
* Adrien : Le bassiste de l'époque était plus ou moins parti. 
* Guillaume : Je dirais que ce changement nous a donné un coup de fouet, de nouveaux horizons aussi. On avait envie de composer parce que c'est vraiment kiffant de jouer ses propres morceaux en concert.

Le nom Yugal s'est imposé de lui-même ou vous pensiez à d'autres noms en tête?
* Adrien : A la base notre groupe de reprises, c'était plus pour la déconne on va dire. On voulait changer de nom, et c'est Kévin qui a proposé le nom Yugal. C'est une entité indienne sombre du yin et du yang. On a vraiment adopté l'idée qui jouait sur la dualité. Ce nom collait aussi au délire "typé" que l'on voulait donner à notre musique. 

Yugal c'est un groupe qui mélange metal et musiques orientales, la dualité et la fusion sont fortes dans votre musique...
* Guillaume : Oui, mais on ne peut pas appeler ça du metal oriental. Ce terme est déjà utilisé par des groupes comme Orphaned Land. Dans Yugal, nous n'utilisons pas d'instruments traditionnels. Du moins pas en concert. Le seul instrument traditionnel que l'on ait c'est la guitare mais dans ce cas là il n'y a pas un seul groupe qui ne fait pas de la musique arabe. 
* Alban (guitare) :  L'idée n'est pas forcément de faire de la musique orientale, mais c'est surtout de faire venir des musiques traditionnelles quelles qu'elles soient.  Tant que l'on trouve ça intéressant pour nous et qu'on arrive à l'incorporer dans notre musique, on prend.
* Adrien : Pour que ça devienne notre musique trad à nous !

Comment on incorpore la musique traditionnelle orientale à la musique metal? Ce sont des gammes d'accords particulières peut-être ?
* Guillaume : Ce sont des gammes particulières. La musique orientale est assez large, il y a cinq ou six gammes différentes si je ne dis pas de bêtises. On peut citer la gamme égyptienne, la libyenne ou la phrygienne. L'idée pour nous c'est de se balader entre ces gammes-là en faisant des riffs metal. On ne prend pas un oud traditionnel pour le mettre dans notre musique. On fait un travail qui fait que l'on adapte la musique orientale à la musique metal. 
* Alban : En plus pour incorporer de l'oud, il faudrait que j'apprenne à jouer fretless. C'est dur !
* Guillaume : En gros c'est ça, se balader entre les différentes gammes, trouver des riffs et surtout écouter pas mal de musiques traditionnelles, des percussions notamment.
* Adrien : Tu oublies aussi l'habillement, Guillaume. Il faut dire qu'on se ramène souvent avec des fringues orientales et qu'on fait la danse du ventre en répétitions. Moi ça m'inspire à mort, surtout quand je vois Kevin qui se trémousse sur sa batterie. 

Pourquoi nous n'avons pas le droit à la petite danse en live ?
* Adrien : Les gens ne sont pas assez second degré pour ça. 

Vous êtes sûr que c'est le public qui n'est pas prêt ? C'est peut être vous en fait... ?
* Alban : Il faudrait juste le faire pour essayer. Je suis certain que les gens sont prêts à voir ça.
* Adrien : Plus rien ne les choque ! C'est ça qui est triste. 

La musique est inspirée par l'Orient, mais est-ce que les paroles le sont aussi ?
* Guillaume : Les paroles ne parlent pas tellement d'Orient. A part un titre qui se trouve sur l'EP Illusion of Time qui se nomme Iskence, ce mot signifie torture en turc. Sinon les textes parlent de l'être humain en général donc du monde dans lequel on vit. L'Orient est donc inclus dans nos textes, même si on ne s'est pas focalisé dessus.

Les paroles peuvent toucher tout le monde... 
* Guillaume : Elles touchent à la psychologie humaine, à la folie. On ne parle pas spécifiquement de guerre ou de religion, mais de tout en même temps. Tout ce qui est créé par l'Homme en fait. Les paroles se font aussi selon le thème que l'on veut aborder durant nos discussions. A l'instar de notre musique, je ne mets aucune limite en terme de sujet d'écriture. Je ne me dis jamais qu'il faut rester dans telle ou telle chose. Nous n'avons aucune limite dans notre musique, dans les paroles non plus. 

Il y a tout de même discussion avant au sein du groupe...
* Guillaume : S'ils me disent que c'est de la merde, je jette !
* Adrien : C'est aussi le cas pour ce que l'on compose. On reste cash sur notre musique. 
* Guillaume : C'est notre musique, alors chacun a son mot à dire. Même sur les parties de chacun, personne ne doit se cacher dans un coin. On cherche quelque chose de cohérent, une homogénéité.
* Adrien : Chacun peut aussi composer dans le groupe. Quelqu'un qui ne joue pas forcément de l'instrument en question peut faire sortir quelque chose auquel nous n'aurions pas pensé. Kevin par exemple pourrait composer un truc à la guitare, qui serait bon à prendre. Même si ça peut paraître maladroit. Si je peux écrire un truc qui semble pertinent pour les paroles, je l'écris aussi. Il n'y a aucune limite. 
 * Guillaume : Les influences de chacun sont importantes. 

Quels sont les groupes metal sur lesquels vous vous rejoignez tous ?
* Adrien : Au final j'écoute assez peu de metal. J'écoute beaucoup d'autres choses, mais peu de metal.
* Guillaume : Moi j'aime beaucoup les groupes des années 1980 - 1990, Pantera par exemple. On écoute ça pour l'énergie et l'intensité. C'est quelque chose qui envoie, qui transmet des émotions. Après, on essaie pas spécialement de s'en inspirer, mais après c'est possible qu'il y ait des choses qui ressemblent à des groupes que l'on a écouté. Sur des groupes comme Sepultura, Pantera, Iron Maiden, Katatonia, Decapitated... Là dessus on est sur la même longueur d'ondes, mais ce que l'on écoute c'est ultra varié d'un membre à l'autre du groupe. J'ai écouté pas mal de techno à une époque. Maintenant je suis plus hip-hop et j'écoute aussi bien du flamenco que de la musique classique. 
* Adrien : C'est ça qui fait aussi que l'on ne peut pas trop cataloguer notre musique, c'est ultra fusionné. Les ressources en terme d'influences sont inépuisables. On ne peut pas trop se lasser de ce que l'on fait, moi je ne me lasse pas en tout cas. 

Est-ce que vous sentez une évolution dans vos influences entre le premier EP et maintenant ?
* Guillaume : Oui quand même... Mais je t'avoue que mettre des mots là dessus, je ne m'étais pas trop posé la question. Ca évolue.
* Adrien : Ce qui est sûr c'est ce que l'oreille s'est affinée. 
* Guillaume : Musicalement on se connait mieux à force de jouer ensemble. Chacun peut prendre plus de place dans chaque composition aussi. 

Avant vous étiez cinq, désormais vous êtes quatre. Comment s'est passée la réadaptation des titres ?
* Guillaume : Ce qu'il s'est passé c'est ce que la ligne de basse a pris certains éléments de la ligne de guitare qui a disparu.Mais les compos restent les mêmes, il n'y a pas de grosses différences. On n'a pas de "trou" dans le son.
* Adrien : On a justement essayé de travailler sur la basse pour qu'elle prenne une place différente. La quatre cordes prend chez nous le contrepied de certains groupes metal où elle suit "bêtement" la rythmique.
* Guillaume : Je dirais qu'on a gagné en clarté et en précision sonore. Au final on aime à se dire que c'est un mal pour un bien. 

Ça vous arrive d'écouter un ancien titre et de vous dire "Ah oui c'était pas mal, mais maintenant on est tout de même meilleur" ?
* Guillaume : On va dire que c'est totalement différent. Il y a désormais des solos de guitare sans guitare rythmique derrière. Adrien ayant un son de basse de bourrin, ça occupe l'espace laissé vide. On sent à peine la différence et on entend mieux le solo de guitare.
* Adrien : Dans le metal quand il y a deux guitaristes et un bassiste, tu te rends compte qu'il y a tellement de gain et de fréquences, qu'en live tu ne comprends même plus trop ce qu'il se passe. C'est le fouillis. Souvent les groupes que j'aime dans le metal n'ont qu'un seul guitariste, comme Pantera ou System of a Down notamment. D'ailleurs, on retrouve un seul guitariste dans les groupes qui fusionnent les musiques plus que les autres. Genre Rage Against the Machine... Quand tu as une musique metal qui sort des chantiers battus, tu as un seul guitariste. KoRN n'aurait pu avoir qu'un gratteux par exemple. 

Ce soir vous êtes sur la quatrième partie de la tournée Chaos & Harmony. Pensez-vous donner une suite à cet album qui va avoir deux ans en janvier prochain ?
* Guillaume : Bien sûr ! On a déjà pas mal de compositions qui sont terminées ou quasiment terminées. On veut continuer à faire des albums, des concerts et partager notre musique avec le maximum de monde. 

Chaos & Harmony, c'est toujours dans le côté dualité au sein de Yugal ?
* Guillaume  : C'est ce que l'on fait. Toujours ce côté entre la puissance et la douceur, de la mélodie et du chaos. Garder tout ça mais en évoluant sur les gammes et en partant sur de nouveaux horizons. Notamment avec Alban qui n'était pas là sur Chaos & Harmony et qui va apporter quelque chose d'autre sur les compositions du nouvel album. Il est venu avec ses influences et il apporte une nouvelle touche. Il y aura aussi une basse plus présente, puisque désormais chaque instrument a une place propre au sein de Yugal. 
* Adrien : Le jeu basse et batterie sera plus présent encore. 

Une rythmique de fer dans un groove de velours !
* Guillaume : C'est très joliment dit !

Est-ce que tu as évolué dans les thèmes que tu abordes depuis que tu écris des paroles ?
* Guillaume : Oui ! Le premier EP est pas mal centré sur la folie. Que ce soit la folie d'un seul homme ou celle de la société, Enter the Madness notamment. On a aussi Bad Passenger, un titre qui raconte l'histoire d'un type qui lorsqu'il se couche a un taré qui entre dans sa tête et il se met à tuer des gens. Sur Chaos & Harmony, il y a toujours la folie mais aussi la dualité désormais. Dans les nouvelles compositions, j'arrive aussi, sans doute, à mieux m'exprimer sur ce que je dis.

Pour trouver des dates. Il vaut mieux être un groupe metal français en France ou un groupe français à l'étranger ?
* Guillaume : Vivre de l'intermittence quand on est un groupe metal c'est difficile. Gojira n'y arrive pas, pourtant c'est le plus grand groupe metal de tous les temps en France. En vivre à l'étranger, je ne sais pas. Gojira a fait des tournées américaines par exemple en tête d'affiche. On a des potes comme Heart Attack qui commencent à bien tourner, ils vont faire une tournée avec Decapitated. Chez nous, c'est un style qui reste underground, même si c'est assez développé avec un public important. En vivre, je sais pas ...
* Adrien : On n'a pas spécialement envie d'en vivre non plus je pense. Ca reste de la galère. 
* Guillaume : En faire son métier, c'est un style de vie particulier. Yugal, on fait ça pour s'éclater.
* Adrien : On peut se permettre de le faire, parce qu'on bosse à côté aussi. 
* Guillaume : Partir en tournée pour nous, ça ne nous coûte pas d'argent. Même si les cachets ne sont pas exorbitants, on rentre dans nos frais. On est entre potes, on est en vacances, on fait de la musique. On visite des villes, des pays différents. 
* Adrien : Si on devait en vivre, ce serait totalement différent je pense. Nous serions en permanence sous la contrainte financière pour composer ou tourner. Forcer ton inspiration à venir, c'est mauvais je pense. Tu ne sais pas quand vient l'inspiration. Tu ne la provoques pas. 

Vous seriez peut-être plus formatés musicalement parlant aussi... Il y aurait une maison de disques, un tourneur, etc. derrière vous.
* Adrien : Être contraint financièrement de sortir des trucs, ce serait impossible pour moi. Je ne prendrais plus de plaisir. Là on n'a aucune pression financière.
* Guillaume : On fait ce que l'on veut, on a toujours choisi l'autoproduction pour être libre artistiquement. 
* Adrien : Nous sommes maître de notre musique, et ça c'est cool. Parfois tu as des groupes qui sortent des albums totalement hors contexte voire carrément chelou. C'est parce que les mecs ont été obligé de sortir quelque chose. 
* Guillaume : On préfère être libre et faire ce que l'on aime.

J'avais une question plus particulièrement pour toi Guillaume. Sur scène tu hurles pas mal, comment tu travailles ta voix ? Tu as un entraînement ou un régime particulier ?
* Guillaume : Je t'avoue qu'au début où je chantais du metal, je me cassais la voix. Les conditions étaient hardcore et il n'y avait pas de sono. Pour que les musiciens m'entendent je me collais à leur oreille et j'hurlais le plus fort possible. C'était une immense connerie ! Cependant ça a sans doute aidé mon cou à grossir et mes cordes vocales à durcir. Ce chant, c'est surtout beaucoup d'échauffement. Il faut bien ressentir le chant en soi. C'est à la fois différent mais aussi similaire au chant lyrique, dans le sens où il faut que ça résonne en soi. Je sais que désormais, je ne me casse plus du tout la voix. C'est depuis que j'ai pu conscientiser ce que mes cordes vocales font quand je chante. En se concentrant sur ça, elles font le bon mouvement. Il s'agit de deux muscles qui s'étirent et qui font passer peu d'air, c'est ce qui fait la distorsion. 

Tu as pris des cours de chant ?
* Guillaume : Jamais ! Je n'ai pas eu l'opportunité de prendre des cours de chant metal. Si j'ai l'occasion j'en prendrais, mais je préférerais prendre des cours de chant lyrique afin d'apporter autre chose.

La scène se travaille comment dans Yugal ?
* Adrien : C'est en faisant qu'on apprend ! 
* Guillaume : Beaucoup de travail en amont pendant les répétitions sur les titres et les setlists. Afin d'être le plus prêt possible en live. Le jeu de scène c'est du feeling. Après chaque concert, on fait un débriefing en se disant ce qui va ou pas et aussi en se donnant des conseils. On discute beaucoup sur toute la prestation. C'est une osmose à quatre.

Votre meilleur souvenir de scène ?
* Guillaume : La plus grosse scène sur laquelle on ait joué c'était le Motocultor. Il y a aussi eu le Tomahawk festival. On a joué aussi dans une énorme rave à Botmeur dans la boue et dans un squat en Suisse sous la neige où on a dormi sur des palettes. C'était excellent. On a joué à Amsterdam aussi, c'était cool. On a très peu de mauvais souvenirs de scène...

Justement, c'était ma question d'après... Les mauvais souvenirs de scène. Mais si vous avez trouvé ça cool de dormir sur des palettes. Je suppose qu'il n'y en a pas tant que ça.
* Guillaume : C'était dans l'ambiance de la soirée. Un squat à Lausanne, gros repère punk avec que des gens qui ont la main sur le coeur... Et l'autre main sur la bibine. En mode total do it yourself.
* Adrien : C'est la base de la musique, tu es obligé de passer par là. 
* Guillaume : Il faisait moins huit degrés, les routes étaient gelées. Il y a eu une énorme manifestation punk la veille, un de leurs potes s'est fait buter par la police parce qu'il y a eu des affrontements. 
* Adrien : Au final on a joué tout seul, parce que les deux autres groupes qui étaient suisses ne sont pas venus. 
* Guillaume : Alors qu'ils n'étaient pas loin en plus, mais ils ont annulé à cause du temps. Ils avaient dix bornes à faire, ils ont eu peur de la neige ! Nous on venait de Vannes... 
* Adrien : On garde aussi un bon souvenir du concert d'ici (La Cave à Rock) de mars dernier, même si le concert a été arrêté par la police sur Illusion of Time


Dernière question, vous avez un scoop pour moi ?
* Adrien : Kevin n'a qu'une burne mais on l'aime.
* Guillaume : On joue un nouveau morceau ce soir qui sera présent sur le second album ! 

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