Les Tambours du Bronx sont sans nul doute, l'un des groupes les plus atypiques de la scène française. Il est vrai qu'il n'est pas commun d'avoir une vingtaine de types qui cognent lourdement des bidons. Ce serait réduire les Tambours du Bronx tout de même. Au delà de ça, ils ont toujours eu un coup d'avance musicalement parlant notamment en insérant des samples pour ajouter une couleur électronique. Ils sont aussi toujours là où on les attends pas. Ils peuvent très bien faire une création baptisée Metal Veins avec les metalleux de Sepultura ou un mélange détonnant chant traditionnel breton et musique industriel avec les Frères Morvan sur la scène des Vieilles Charrues. C'est ça les Tambours, inclassable et qui repoussent toujours leurs limites en mélangeant rock, techno et même rythmes du monde dans leur son.
Pour ce nouvel album, les Tambours du Bronx intitulé Weapons of Mass Percussion, on retrouve le groupe originaire de Nevers à la rencontre du metal. De quoi surprendre... Ou pas. Finalement leur musique est metallique depuis plusieurs décennies avec les bidons et c'est logique de les voir se frotter à des sons très lourds. Pour l'occasion, trois des membres du groupe délaissent les bidons pour prendre un manche en main : deux à la guitare et un à la basse. Ensuite vient le temps de renforcer l'équipe. On retrouve Franky Costanza (ex-Dagoba, Blazing War Machine) à la batterie ainsi que Stéphane Buriez (Loudblast) et Reuno (Lofofora) au chant sans oublier Arco Trauma aux claviers. Un mélange très cohérent dès le premier titre Delirium Demain qui sonne comme une ode à la puissance ! Quelle explosion sérieux, chapeau ! Quand on entend Reuno chanter, on se dit que personne d'autre ne pouvait tenir le rythme au chant face aux coups de boutoirs des Tambours. Tout le monde sauf Stéphane Buriez, présent sur les titres en anglais. A travers les vingt morceaux de l'album, on retrouve pas moins de sept interludes, histoire de mettre les nappes synthétiques d'Arco Trauma en avant. Mais surtout de bons titres metal comme les épiques Jour de Colère ou Mirage Eternel qui voient s'affronter tout ce petit monde entre nappes de claviers épiques, percussions puissantes et guitares ultra saturées. Les torturés New Day ou Le Mal frappent un grand coup à l'instar de Tainted with Anger ou Divine Disease avec un Buriez des grands jours. On retient aussi la belle participation du chanteur de Trepalium Renato di Falco sur Le Festin. Weapons of Mass Percussion est aussi l'occasion pour les Tambours du Bronx et leurs invités de faire une reprise de Requiem pour un Con de Serge Gainsbourg. Et là chapeau bas, messieurs ! L'oeuvre de Gainsbourg avec son rythme africain si particulier est formidablement bien mis en valeur et que dire de la prestation de Reuno au chant, excellent ! Autre reprise bien exécutée, The Day is my Enemy de Prodigy avec Apolline Magnet du groupe Plastic Age au chant. Grosse claque !
En bref, cet album est une réussite. Si bien qu'on se demande pourquoi les Tambours n'ont pas enregistrés d'album metal avant ça. Tous les invités sont bien en avant dans ce qui est - assurément - l'un des albums de cette fin d'année. L'album peut sembler se répéter parfois au niveau du son, mais c'est une grosse claque que l'on prend tout au long de cette heure de musique !