[INTERVIEW] LES NEGRESSES VERTES - AOUT 2018

Pourquoi les Négresses Vertes sont de retour pour les trente ans de Mlah et pas pour les trente ans des débuts du groupe ?
* Paul O (chant et basse) : Les deux sont liés, les trente ans des débuts du groupe et ceux du premier album c'est exactement le même truc. 

Vous vous êtes reformés pour fêter les trente ans de l'album Mlah, mais l'ordre des chansons n'est pas le même sur scène que sur l'album ?
* Stéfane (chant et guitare) : Quand on joue en club, le public vient vraiment voir les Négresses et la tournée Mlah. On joue la totalité de l'album puis c'est lors du rappel que l'on s'autorise à reprendre des titres venant d'autres albums. Pour les festivals c'est différent, le public n'est pas forcément là que pour toi. Il vient aussi pour voir d'autres groupes. La setlist est majoritairement axée sur Mlah mais on rajoute aussi des titres du deuxième album comme Face à la Mer et Sous le Soleil de Bodega ainsi que Les Mégots qui provient du quatrième et dernier album des Négresses. L'idée c'est d'avoir une setlist énergique pour les festivals. On a dû adapter la setlist pour la tournée puisque écouter et voir ce n'est pas pareil. 

Débuter par un tube Voilà l'Eté, ça permet de capter directement l'auditoire en festival ?
Paul O : Exactement, vous avez tout compris ! 
* Stéfane : Notre setlist on l'a construite autour de nos trois chansons majeures que les gens connaissent tous, ils ont pu entendre ça à la radio ou au supermarché. Il s’agit de Voilà l'Eté, Zobi la Mouche et Sous le Soleil de Bodega. On en fait une au début, une au milieu et une à la fin. Et entre les tubes, on a mis ce qu'il fallait. 

Pour cette tournée, vous allez faire environ 90 dates, c'est ça ?
* Paul O : C'est la 45ème ce soir au Pont du Rock et il nous en reste autant à faire, donc c'est ça. 

Vous vous attendiez à faire autant de dates pour votre retour ?
* Paul O : Pas vraiment...
* Stéfane : Le retour que l'on fait, ce n'est pas "attention les revoilà" avec je ne sais pas combien d'émissions télé. Pour notre retour, personne ne nous a vu à la télé. On s'est dit qu'on allait repartir comme on était à l'époque de Mlah, c'est-à-dire des festivals indépendants avec des bénévoles. Bien entendu on a fait quelques grosses scènes, mais on mélange les deux. La tournée a commencé dans des petits clubs et on n’a même pas joué à Paris encore. On est allé rechercher le public, c'est par le public que tu existes en tant qu'artiste.

Vous parlez de petits clubs, mais vous avez aussi fait la plus grande scène de France, celle des Vieilles Charrues... Vous vous attendiez à avoir la grande scène des Charrues ?
* Stéfane : Pas du tout ! Quand la tournée a débuté, on nous a dit que les Charrues étaient intéressées par Les Négresses Vertes. Mais on ne savait pas trop...
Paul O : On était indécis, on ne savait pas si l'on avait la capacité de faire les Charrues tout de suite ou pas. S'il ne nous fallait pas plus de temps. Au final il s'est avéré que non.

Le créneau du début d’après-midi était intéressant aussi pour vous ?
* Stéfane : C'était parfait ! Après il a fait beau tout l’après-midi c'était le top. Mais à un moment du concert, il a plu.

Pendant Sous le Soleil de Bodega en plus...
* Stéfane : Je n'avais pas vu qu'il pleuvait, c’est quand je suis allé au devant du public que je me suis retrouvé sous la pluie.

Ce n'était pas trop difficile d'être sous la pluie avec la guitare ?
* Stéfane : Quand je me suis rendu compte qu'il pleuvait, c'est devenu très compliqué avec la guitare. Je suis vite reparti en arrière.

Est-ce vous pensez que votre musique et vous-même avez un côté intemporel ?
* Paul O : Les textes et la musique très certainement, ça parle de choses que l'on aimerait ne plus entendre. Des choses qui sont intemporelles, qui passent les années. Les gens dans la rue par exemple. Le temps passe mais les choses restent.
* Stéfane : Les chansons parlent à tout le monde, c'est incroyable. Nous ça nous a totalement dépassé, nous ne sommes pas intemporels. Un jour ou l'autre on y passera. On s'est rendu compte en commençant ce groupe que tout de suite les chansons nous ont dépassés. Les Négresses Vertes viennent de la scène alternative, comment veux-tu qu'on fasse des titres qui plaisent aux nanas qui poussent leur caddie au supermarché ? C'est incroyable ! En plus les textes c'est Helno, un ancien des Béruriers qui les écrit, pas Gérard Françoise. Ce qu'il a écrit ça ne rigole pas, tout le monde meurt. Dans la rue on ne nous reconnaît pas, mais les gens connaissent nos chansons. 

Ça a été compliqué de se réapproprier les textes de Helno au niveau du chant ?
* Paul O : Non, ça n'a pas été compliqué parce que les textes on ne les a jamais abandonné, on les a toujours chanté.  
* Stéfane : Helno était le chanteur principal mais on intervenait aussi dans les titres. Je chantais et Helno ne chantait pas certains titres. Pareil pour Paul O qui doublait dans La Mer à Boire ou dans Les Yeux de ton Père.

Cette tournée vous redonne envie de recomposer ensemble ?
* Paul O : Pour l'instant on n’en est pas là. On verra mais on ne s'interdit rien, même si ce n'est pas le but du jeu.  
* Stéfane : Est ce qu'un groupe comme nous, les gens viennent voir pour écouter des titres qu'ils ne connaissent pas ?

Peut-être un peu aussi, non ?
* Stéfane : Je ne sais pas, je ne crois pas. Faire une seule chanson nouvelle pour nous ce serait déjà super.

Tester le public peut-être ?
* Stéfane : Il faut penser plus petit je pense, on est plus dans un truc où on est un groupe qui tourne. On sort de seize années de silence, on fait notre 45ème concert. Il nous reste du temps. 

Est-ce que vous avez un scoop pour moi ?
* Stéfane : Moi j'en ai un ! Je n’ai pas vu mon cousin germain depuis 25 ans et aujourd’hui j’ai rencontré son fils. Il a 23 ans et il a parlé à un vigile à la fin du concert pour lui dire "C'est mon cousin sur scène là". Le vigile m'a appelé et on lui a fait passer la crash barrière. Ce n'est pas un scoop mais plutôt une petite histoire.