Rémi, ça a été quoi ton premier choc musical ?
Rémi Laffitte : Hum… peut-être Michael Jackson. Je crois que la première fois que j’ai écouté sa musique c’était chez une cousine par alliance qui avait dans sa chambre le poster -zombies- de « Thriller ». Sur le coup, vu mon jeune âge, cela m’a fasciné et effrayé en même temps.
Par contre, quand son premier album Dangerous est sorti au début des années 90, j’étais à D-O-N-F. Je me souviens d’avoir vu pour la première fois le clip de Black or White à la TV pendant une émission présentée par Jean-Pierre Foucault. J’étais scotché devant mon écran…
Comment es-tu arrivé à monter ton propre label ?
J’ai le sentiment d’avoir « toujours » eu, enfin depuis ma post-adolescence, envie de monter un label. Atelier Ciseaux a, quelque part, toujours existé dans mon imagination, pas sous ce nom ni derrière ce logo bien sûr. Avant de lancer le label, j’ai eu pas mal d’activités liées à la musique (presse, booking, etc.) mais la découverte de l’album de François Virot (Yes or No, notre première sortie) a été l'élément déclencheur.
C’est finalement une envie d’ado qui s’est concrétisée à un âge où beaucoup ont déjà oublié leurs rêves.
Pourquoi avoir pris ce nom d'Atelier Ciseaux ?
Le choix du nom a été au final une étape assez laborieuse. Je voulais un nom en français, composé de 2 mots et qui ne soit pas une référence à qui/quoi que ce soit. Je me souviens surtout qu’il a été validé lors d’une conversation MSN avec Marine, qui a créé le label avec moi en 2008.
Aujourd’hui, au-delà des mots ce qui lui donne du sens ce sont les actions menées.
C'est quoi une journée normale de travail d'un responsable de label ?
Atelier Ciseaux c’est -comme dirait Pôle Emploi avec un petit sourire en coin- « juste » un hobby ! Cela ne veut pas dire pour autant que c’est une activité du dimanche après-midi pour tromper l’ennui avant la diffusion de Stade 2. Bien au contraire, cela demande beaucoup de temps, d’énergie et d’investissement -si tu veux le faire avec sérieux- mais ce n’est ni mon métier -par choix- ni un temps plein.
Pendant les moments de rush, une journée classique pourrait se résumer à : écrire des mails, répondre à des mails, envoyer d’autres mails, attendre une réponse qui n’arrive pas… et quelques pauses pour sortir le chien.
Comment fait-on pour être un artiste de ton catalogue ?
Il n’y a absolument aucune règle, aucune formule magique-mathématique générée par un algorithme « Atelier Ciseaux ». On sort tout simplement des groupes qu’on aime et qu’on souhaite défendre…
Très souvent les sorties que tu fais sont très pointues, c'est une "exigence" de ta part ?
L’exigence c’est avant tout de se faire plaisir, de sortir des disques qu’on aurait nous-mêmes envie d’écouter en tant que «simple» auditeur et de rester fidèle à nos convictions.
Je ne considère absolument pas Atelier Ciseaux comme un label pointu. Au contraire, je pense que la grande majorité de nos sorties sont relativement accessibles. Il faut simplement être curieux…
Tu travailles avec un grand nombre de groupes originaires du Canada, quels sont tes liens avec ce pays ?
J’ai vécu presque trois ans à Montréal et j’ai réellement adoré cette ville, son ambiance. Le côté relax, les balades nocturnes sous la neige, les ruelles hantées par les chats… Forcément, et même si je n’y suis pas retourné depuis cinq ans, j’ai toujours un lien particulier avec cette ville qui héberge un paquet de chouettes groupes.
Aujourd’hui, on reçoit de plus en plus de propositions de groupes canadiens mais ce qui m’importe avant tout c’est la musique et non la géographie.
Cassettes, vynils ... Tu fais pas mal de supports différents pour les artistes. C'est important de créer l'événement à chaque sortie ?
Quand Justin Bieber sort son album en cassette, on peut sans doute parler « d'événement », de buzz crapuleux. Si nous proposons des vinyles ou des cassettes, c’est avant tout parce que ce sont des formats que nous aimons et que nous souhaitons défendre. C’est donc logique-normal pour nous de sortir des objets.
Ton label a été fondé en 2008, l'an prochain ça fera dix ans qu'il existe... Tu penses déjà à marquer le coup ?
Dix ans… quand même ! Pour le moment, pour être honnête, je n’y pense pas vraiment. J’ai plutôt tendance à me focaliser sur le moment présent.
En ce moment, c'est quoi tes coups de coeur du moment ?
Les Australiens de Good Morning que j’ai eu la chance de faire jouer à l’Espace B (Paris) le mois dernier. Du slacker-rock joué avec classe et -maximum- décontraction. Des tubes de magnitude 9.7 sur l’échelle de Pavement.
Quels sont les artistes avec lesquels tu aimerais travailler ?
GROUPER, GROUPER et… GROUPER !
Un scoop pour Rockfanch ?
« Le Bonheur en France, c’est nos feux d’artifice » (Amanda Woodward)
Site officiel : atelierciseaux.com
Facebook : /atelierciseauxrecords