Direction Saint-Brieuc pour la 34ème édition du festival Art Rock. Organisé comme chaque année durant le week-end de la Pentecôte, l'événement prend place dans le centre-ville de la préfecture des Côtes d'Armor. L'originalité de ce rendez-vous est qu'il mélange tous les formes artistiques (musique, cinéma, danse, théâtre...) à travers un thème fort, cette année le choix s'est porté sur Fantastic Elements.
Le festival briochin accueille en son sein Rock 'n' Toques qui mélange la musique et la cuisine. Des chefs cuisiniers reconnus proposent des mets de grande qualité à prix modique : huit euros le plat et quatre euros le dessert. Voulant tenter cette expérience on arrive sous un chapiteau bondé. Soit. Mais quand en place il faut supporter un groupe qui ressemble à du sous LEJ et qui massacre L'Homme Pressé de Noir Désir en version roots, ça ne va plus ! Fort heureusement deux bonnes nouvelles : le plat est servi rapidement et le groupe s'arrête de chanter quand on commence à manger. Une fois qu'on a commencé à déguster ce mijoté de porcelet sur une gaufre on ne peut être que conquis ! Ajouté à cela une sublime mousse au chocolat / amande avec une délicieuse glace et je vous promets que le festival débute sur de - très - bonnes bases.
Après cet excellent repas place à la musique, parce que je ne suis pas chroniqueur culinaire mais bien chroniqueur de rock! Le moins qu'on puisse dire c'est que musicalement parlant ce festival ne se fait pas en douceur. Sur scène Killason a déjà pris place sur la Scène B. Lauréat des Détours ADAMI il offre un hip-hop aux beats très puissants. Le flow est imparable, les mots frappent forts et comme un uppercut. De quoi vraiment très bien débuter la soirée.
Ensuite c'est sur la Grande Scène, place Poulain-Corbion, qu'on se retrouve. Thomas Azier a déjà débuté son live. Même si son nom ne vous dit rien il est un producteur connu notamment pour le titre Ta Fête de Stromae. Au final le concert est plus musclé que l'album ce changement est principalement du à l'ajout d'un vrai backing band rock pour le concert (basse, batterie et claviers). On retient les accents gainsbourien du titre Talk to Me , la pop délicate de Gold ou l'ultra efficacité de Red Eyes en live (que tu connais forcément). On ne peut qu'applaudir quand le Hollandais fait preuve de bon goût en reprenant The Cure (A Forest) en fin de concert.
Place ensuite à la Scène B, parce que oui les festivals ça nécessite des déplacements et de l'endurance pour le début du concert de Baloji. Le belge d'origine congolaise tire son nom du swahili "sorcier". Sur scène il est entouré de quatre musiciens tous en costume bleu avec veste blanche. Classe les mecs. Les rythmes soul et rap se mélangent à l'afrobeat d'un backing band très expérimenté (le guitariste a près de 50 ans de carrière !). Une belle mise en bouche avant le concert suivant...
Ensuite place aux Black Angels sur la scène principale. Le quintet Texan fait référence dans le monde du rock psychédélique. Tirant leur nom d'un titre du Velvet Underground la prestation est puissante. On enchaîne les passages rock psyché pur et dur, garage ou stoner pour ce qui est assurément une grande prestation live soutenu par un écran géant qui balance des visuels psychédéliques au possible. Forcément ça redonne envie de les voir, mais de nuit ce coup-ci pour que l'effet des visuels du fond de scène soit total !
C'est ensuite la tête d'affiche du festival que l'on voit se présenter sur scène : Metronomy. Le groupe britannique, mené par Joseph Mount, attaque pied au plancher avec Back Together. La disposition scénique est simple en plus d'être tous tout de blanc vêtus, le quintet est scindé en deux. Sur le devant de la scène on retrouve Joseph Mount (chant et guitare) et Olugbenga Adelekan (basse). Juste derrière c'est Oscar Cash (claviers et guitare), Anna Prior (batterie) ainsi que Michael Lovett (claviers). C'est un petit événement que cette venue de Metronomy ce soir puisque le groupe fait la première date française de son nouveau show consacré - en grande partie - à leur album sorti l'an passé Summer 08. Ils n'oublient pas non plus d'interpréter les titres les plus connus de leur repertoire comme The Bay, The Look ou Love Letters au cours d'une prestation sautillante et enjouée qui aura eu le mérite de réveiller un peu une foule jusqu'ici peu réceptive aux concerts.
En parlant de température l'un des immanquables des Fantastic Elements, thème central du festival cette année : le feu. Dans le Parc des Promenades nous allons déambuler dans le spectacle imaginé par la compagnie Carabosse sobrement nommé Installation de Feu. Une balade vraiment incroyable à travers des installations enflammés de partout entre sculpture et boules de feu géantes. Impressionnant !
Retour vers la Grande Scène enfin pour le dernier groupe de ce dimanche et non des moindres puisqu'il s'agit d'Archive. On ne présente plus le collectif londonien pilier du mouvement trip-hop qui, à la différence de ces camarades Massive Attack, Morcheeba ou Portishead, balance plus volontiers des riffs ultra électrique. Le concert de ce soir, le premier des festivals de l'été pour eux tous pays confondus, s'articule surtout autour des albums les plus récents du groupe : The False Foundation ou Restriction. J'avoue ne pas m'être penché sur le cas Archive en cd depuis un moment. Je découvre des titres très très efficaces et comme toujours poussés dans leur retranchement entre déluges soniques et moments de grâce. Le duo Polard Berrier / Dave Pen est dans un grand soir et leurs voix s'emmêlent à l'unisson pour un résultat prodigieux soutenu, à l'instar des Black Angels, par des visuels très poussés donnant une véritable impression de spectacle total. Le groupe interprète aussi quelques perles de son répertoire passé avec le surpuissant Bullets, l'hypnotisant Pulse ou le fabuleux Numb pour clôturer ce set !
Une très belle journée du côté de Art Rock qui comme chaque année arrive à mêler tous les arts pour un résultat incroyable. Merci pour tout Art Rock et à l'an prochain du 18 au 20 mai 2018 !